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vendredi 26 janvier 2018

Le courant-jet a perdu le Nord et on en a des preuves en Europe

La météo extrême étroitement liée aux fluctuations du courant-jet

On observe de plus en plus d'événements météo extrêmes en Europe (et partout ailleurs). Il est normal dans le contexte du réchauffement climatique actuel que le  courant-jet, principal moteur météo et qui propulse d’une façon générale les systèmes météo d’Ouest en Est dans notre hémisphère soit de plus en plus variable.
Introduction
Le courant-jet (rivière d'air qui circule au-dessus de l'hémisphère Nord à environ 10km d'altitude) ralentit à cause du réchauffement climatique et cela lui fait faire des ondulations Nord-Sud nommées ondes de Rossby de plus en plus amplifiées.

Dans certaines conditions, selon leur nombre en fait, les ondes de Rossby se bloquent en place et les systèmes météo associés font alors du sur-place, parfois pour de longues périodes, et c'est ce qui explique, en partie, certaines sécheresses ou des périodes de pluie prolongées, ou encore, ce qui explique aussi que plusieurs tempêtes de suite suivent plus ou moins la même trajectoire. Je me rappelle l'hiver 2013-2014 au cours de laquelle cinq des plus fortes tempêtes de l'histoire du Royaume-Uni y ont déferlé et de la sécheresse au Portugal )été 2017) qui a causé des feux de forêts extrêmes pour ne citer que deux exemples qui me viennent en mémoire.

Mais la météo peut aussi passer rapidement d'un extrême à l'autre, comme de sécheresses à pluie diluviennes en peu de temps, surtout à la périphérie du courant-jet.

Les événements météo extrêmes ont des répercussions importantes sur l'agriculture. C'est sans doute l'impact le plus important du réchauffement climatique.
  • Cette animation montre l'accroissement de la variabilité du courant-jet et le développement d'ondulations Nord-Sud (ondes de Rossby) suite au réchauffement climatique.

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Des données sur le courant-jet remontant à 1725

La nouvelle étude est la première reconstruction historique de la trajectoire du courant-jet sur ces régions qui remonte à avant le 20e siècle. Les anneaux de croissances des arbres sont encore venus au secours des chercheurs car ils sont des témoins fiables du passé et ils ont raconté leur histoire qui remonte jusqu’en 1725.

On voit dans cette étude que depuis environ 1960, des fluctuations croissantes de la trajectoire du courant-jet dans la portion de l’Atlantique Nord coïncident avec des événements météo extrêmes en Europe, tels canicules ou même sécheresses, tempêtes et inondations.


La partie de l'anneau de croissance annuelle qui se forme vers la fin de la saison de croissance se nomme "bois final". La densité du "bois final" reflète les températures au mois d'août de l'année où la croissance a eu lieu.
  • Résumé graphique : Cinq renseignements que peuvent fournir les anneaux de croissance des arbres
Ressources naturelles Canada
La Dre. Valerie Trouet, auteure principale de l’étude dit : « Nous avons découvert que la position du courant-jet au-dessus de l’Atlantique Nord durant l’été a été la cause principale d’extrêmes climatiques en Europe depuis près de 300 ans ».

Ayant 290 ans de données relatant la position du courant-jet, Mme Trouet et ses collègues ont déterminé que les ondulations Nord/Sud de la trajectoire du courant-jet sont devenues plus fréquentes depuis la deuxième moitié du 20e siècle.

"Depuis 1960, il y a eu plus d'années au cours desquelles le courant-jet s'est trouvé dans une position extrême. Quand la portion Atlantique-Nord du courant-jet se retrouve dans une positon très au Nord, les Îles Britannique et l'Ouest de l'Europe subissent une vague de chaleur alors que le sud-est de l'Europe essuie de fortes pluies déclenchant des inondations" ajoute la Dre. Trouet.

Lorsque le courant-jet est dans une position extrême Sud, la situation s'inverse : l'Ouest de l'Europe reçoit des pluies anormalement intenses alors que le sud-est de l'Europe se retrouve avec des températures trop chaudes causant sécheresses et feux de forêts.
Le Nord est en haut, l'Ouest à gauche et l'Est à droite :-)
Les canicules, les sécheresses et les inondations affectent les populations" dit la Dre. Trouet. "Ces vagues de chaleur et ces sécheresses se produisent en plus du réchauffement climatique ; c'est un coup double".

Les événements météo extrêmes en été sur le centre-Ouest Américain (et les autres régions) sont eux aussi associés à des trajectoires anormales trop au Nord ou trop au Sud du courant-jet écrivent les auteurs.

NDT On parle des ondulations Nord-Sud (ondes de Rossby) de plus en plus fortes quand on parle de positions ou de trajectoires du courant-jet.

Le froid extrême et les fortes chutes de neige au cours de cet hiver (2015) sur les Nord-Est de l'Amérique et la chaleur extrême causant une forte sécheresse en Californie où il y a eu un autre nouveau record d'incendies de forêts et broussailles sont aussi liés à la trajectoire anormale du courant-jet au cours de l'hiver. dit-elle.

L'étude. "Recent enhanced high-summer North Atlantic Jet variability emerges from three-century context," (la variabilité accrue du courant-jet au-dessus de l'Atlantique Nord au plus fort de l'été émerge d'un contexte de trois siècles) par Mme. Trouet l'auteure principale) et M. Meko de l'Université d'Arizona et F. Babst de Institut fédéral (Suisse) de recherches WSL. La recherche est parue dans le journal "Nature Communications" le 12 janvier 2017

Lors d'une visite en Belgique chez sa famille au cours du pluvieux été de 2012, Valerie Trouet a jeté un coup d'oeil à la carte météo qui montrait de fortes pluies sur le Nord-Ouest de l'Europe et chaleur extrême et sécheresse sur le Nord-Est de la Méditerranée. "J'avais vu exactement la même carte avec mes données des anneaux de croissance des arbres, dit-elle. Les anneaux de croissance des arbres révélaient que des températures plus chaudes près de la Méditerranée se produisaient au même moment où le temps était frais sur les Îles Britanniques, et vice-versa.

D'autres chercheurs avaient mesuré la densité du "bois final" d'arbres des Îles Britanniques et de la région Nord-Est de la Méditerranée pour des anneaux de croissance formées de 1978 jusqu'en 1725.
Credit: © JLV Image Works / Fotolia
De nos jours, on fait du carotte d'arbres pour lire les anneaux de croissance ; plus besoin de couper les arbres. Source CNRS
Parce que la température en août des ces deux régions montre la position estivale dur courant-jet, Mme Trouet et ses collègues ont utilisé les données fournies par les anneaux de croissance pour déterminer la position du courant-jet au cours de chacune de ces années. Pour ce qui est de la position du courant-jet de 1979 à ce jour, ils ont utilisé les données des observations météo.

Il y avait un débat à savoir si la variabilité du courant-jet était due au réchauffement climatique parce que les données d'observations (satellitaires) ne remontaient qu'à 1979, une période jugée trop courte pour pointer "statistiquement" du doigt le réchauffement climatique. Cette étude démontre que la variabilité du courant-jet s'est particulièrement accrue depuis 1960.

Avec la découverte d'arbres beaucoup plus vieux dans les Balkans et sur les Îles Britanniques afin de reconstruire la position du courant-jet jusqu'à mille ans dans le passé. Valerie Trouet espère aussi reconstruire la trajectoire du courant-jet sur le Nord du Pacifique qui influence le climat et la météo en Amérique du Nord.

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Article source en Anglais
https://www.sciencedaily.com/releases/2018/01/180112091209.htm


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Le Vortex Polaire vu de près : ou pourquoi fait-il si froid sur une grande partie de l'Amérique

jeudi 4 janvier 2018

Le Vortex Polaire vu de près : ou pourquoi fait-il si froid sur une grande partie de l'Amérique


S'il fait anormalement froid sur une grande partie du continent Américain, c'est qu'il fait anormalement chaud en Arctique. 
C'est quoi le Vortex Polaire?
"Le vortex polaire stratosphérique est une région d'air à grande échelle qui est contenu par un puissant courant-jet d'Ouest en Est et qui ceinture la région polaire. Le vortex polaire se forme lors de la nuit Arctique qui dure six mois aux pôles. Le vortex polaire (masse d'air cyclonique) s'étend de la tropopause, la ligne de démarcation entre la stratosphère et la troposphère (couche de l'atmosphère terrestre située au plus proche de la surface), traverse la stratosphère et s'étend jusque dans la mésosphère (au-dessus de 50 km). De faibles concentrations d'ozone et de basses températures sont associées à l'air à l'intérieur du vortex."
Source : NASA
Normalement, le Vortex polaire était d'une seule pièce et maintenu en place sur l’Arctique par le courant-jet. Mais le réchauffement climatique a affaibli le courant-jet et lui fait faire de fortes ondulations Nord-Sud (ondes de Rossby) qui parfois demeurent bloquées en place, ce qui permet à des systèmes météo de demeurer stationnaires.

C'est ce qui se produit cet hiver et c'est aussi ce qui permet à d'autres systèmes météo de prolonger des sécheresses comme en Californie et au Portugal, ou encore, à d'autres systèmes météo de déverser des quantités jamais vues de pluie.

Vortex polaire vu à environ 31 km d'altitude (10hPa) au-dessus de l'Arctique).
Notez la distorsion et la boucle en formation dans la zone supérieure gauche.
Source : Earth Nullschool à 10 hPa
Cette carte en date du 2 janvier 2018 représente les anomalies de température à 2 mètres d'altitude basée sur la moyenne de 1979 à 2000, et non pas la moyenne de base des GIEC et COP de 1880 à 1910. Par rapport à cette moyenne de 1880-1910, nous sommes actuellement à un peu de 1°C de réchauffement global moyen que les scientifiques, pas les économistes, jugeaient dangereux même dans les années 1980. C'est au moins 2°C en Arctique selon des estimations très conservatrices et c'est suffisant pour faire fondre la presque totalité de l'inlandsis Groenland.

"Les courants-jet polaires sont les principaux moteurs météo."

Source : Wikipedia
 Ça fait quelques semaines que ces zones de températures (systèmes météo) n'ont presque pas bougé. Cela veut dire que les ondes de Rossby du courant-jet sont bloquées en place. On pourrait y superposer la carte du courant-jet pour expliquer le tout en un clin-d'oeil. C'est tout de suite évident au-dessus de la Californie et de la Colombie-Britannique par exemple

Ce qui se passe en Arctique ne reste pas en Arctique
(Il a même neigé en Floride)
Source : Climate Reanalyser
Les ondes de Rossby de plus en plus prononcées dans le courant-jet se répercutent jusque dans la stratosphère et c'est ce qui cause probablement les distorsions et le scindage, ou parfois en deux ou plusieurs parties, du Vortex polaire Arctique, dont une partie descend encore cette année jusque sur le sud du continent Américain.

Voici le courant-jet au même moment vu depuis environ 10 km au-dessus du sol. Voyez à quel point il est déstructuré à cause du réchauffement climatique.
Les deux X jaunes sur l'image indiquent une division du courant-jet, signe d'un blocage à ces positions. Source : Earth Nullschool à 250 hPa
+ de réchauffement global = + de plus intenses turbulences locales
Le vortex polaire arctique et "son" courant-jet, on peut en effet dire que le courant-jet est une partie intégrante du vortex polaire, ou vice-versa.
À gauche, un vortex polaire et un courant-jet plutôt "normal". À droite, un courant-jet 'malade" et un vortex polaire scindé en plusieurs parties observé le 5 janvier 2014.
Source : NOAA
Ci-dessous, ce schéma représente les ondes de Rossby du courant-jet (malade) et les zones de températures associées : brun=chaud, bleu=froid. Les creux de vagues descendent vers le Sud et les crêtes remontent vers le Nord.

Comme le dit la Dre, Jennifer Francis :
"La vitesse Ouest-Est du courant-jet a chuté en 2012 lorsque la banquise a atteint un minimum record. Ce n'est probablement pas une coïncidence..."

C'est aussi parce que l'Arctique se réchauffe plus rapidement que tout le reste du globe que le courant-jet développe des ondes de Rossby (Nord-Sud) de plus en plus forte et aussi qu'elles se bloquent, pour parfois pour de longues périodes. Répétons que c'est la différence de température entre l'équateur et les pôles qui alimente les courant-jets polaires (il y en a un au pôle Sud). Cet écart diminuant affaiblit le courant-jet.

Le froid actuel sur l'Amérique est une répétition des quatre ou cinq dernières années, mais comme on la vu tout aussi récemment, l'Arctique a été frappée de vagues de chaleur dépassant la moyenne de plus de 20°C.

Merci pour vos riches enseignements Dre. Jennifer Francis


Pendant ce temps en Europe...

Voyez la bande de température très anormalement chaude en Russie...
Source : Climate Reanalyser


Voyez la bande du courant-jet au-dessus de la Russie. C'est elle qui y apporte la température anormalement chaude vue ci-dessus.

La situation très confuse du courant-jet au-dessus de l'Europe. Quand le courant-jet, ou de ses parties, remonte du Sud vers le Nord, c'est de la chaleur des tropiques qu'il y transporte.

Le courant-jet dédoublé est un signe que ce dernier est ploqué en place pour une "relativement longue période". La situation en Europe est donc l'inverse de celle aux USA ; il y fait anormalement chaud, surtout en Sibérie.
Je n'ai pas souvent vu le courant-jet si déstructuré...
 

2017 l'année la plus chaude sans El Nino

2017 s'est classée à quelques dixièmes de degrés de moins que 2016, année d'un super El Nino (plus gros et plus chaud) et un peu au-dessus de 2015. Le 1er super El Nino a eu lieu en 1983 et le second super El Nino s'est produit en 1998.
1,5°C semble absolument inévitable, même si c'est permis de rêver...

Merci de partager, c’est écrit pour informer.

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Pouvez vous imaginer le Groenland sans glace?
 
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Comme un marcheur sur une corde raide, le climat vacille, perpétuellement à la recherche d'un équilibre, mais plus il se réchauffe, plus il vacille...
Si ça peut vous intéresser, je vous recommande de vous familiariser quelque peu avec ces sites pour que vous puissiez mieux voir et comprendre la globalité des systèmes météo.

Earth Nullschool Disponible en Français. Il faut cliquer sur le mot "EARTH' pour accéder au menu qui contient plusieurs options 

Climate Reanalyser Seulement en Anglais. Offre des trucs comme l'écart de température terrestre à 2 mètres au-dessus du sol que Earth Nullscholl n'a pas et le menu par pointage change trop facilement, mais bon, faut faire avec...

Windy.com  Un troisième site dans le même style que je recommande

À nous de changer le monde : Ça commence par moi 

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vendredi 15 décembre 2017

D'importantes poussées de la montée du niveau des océans sont à prévoir... pour "bientôt"


Afin d'éviter la confusion, trois définitions avant de commencer
Banquises : glace de surface qui flotte sur l’océan et dont la surface varie au gré des saisons (et dont la fonte n'influence pas "en théorie" le niveau des océans). Mais si on est pointilleux, les marées plus fortes car plus d'eau est mobilisée et aussi l'inévitable expansion thermique de l'eau, ajoutent au niveau des océans.

Calottes glaciaires : très grand glacier de plus de 50 000 kilomètres carrés recouvrant une portion de la croûte terrestre et d'une épaisseur de plusieurs centaines de mètres voire de plusieurs kilomètres ; maintenant nommées "inlandsis". Ce sont l'Antarctique et le Groenland.


Plates-formes, plateaux  et barrières de glace sont la même chose et retiennent les glaciers bordant les deux inlandsis.
Le réchauffement climatique de cause humaine est une expérience en temps réel au cours de laquelle d'étonnantes surprises, parfois catastrophiques, nous attendent à chaque détour.
Des témoins du passé

Nous savons, grâce aux vestiges de coraux et d'autres indices, qu'il y a eu à la fin de la dernière déglaciation débutée il y a ~20 000 ans alors que des glaciers d'environ 4km d'épaisseur recouvraient le Canada (et une partie du Nord de l'Europe) jusqu'à New York et qui s'est terminée il y a ~10 000 ans, qu'il y a eu parfois de subites poussées de la montée du niveau des océans. Les récifs coralliens meurent quand il y a trop d'eau au-dessus d'eux, car ils doivent recevoir un minimum d'ensoleillement pour survivre et croître.
L’écosystème récifal est, avec les forêts tropicales, l’écosystème le plus riche en biodiversité ainsi que le plus complexe et le plus productif de la planète.
Source en Français à visiter.
C'est en étudiant à haute résolution les vestiges de récifs coralliens le long de la côte Texane qui sont morts lors de la dernière déglaciation à cause de la hausse du niveau des océans, que Pankaj Khanna, auteur principal de cette étude en Anglais, a fait ces découvertes. Il a aussi été interviewé par Alex Smith de Radio Ecoshock, une émission (anglophone) que je rate rarement.

Sa recherche démontre qu'au cours de la dernière déglaciation, il y a eu des périodes de 10 à 20 ans au cours desquelles la hausse du niveau des océans a eu d'importantes poussées de 20 mm à 40 mm par année et il affirme aussi que ça peut se produire n'importe quand dans les conditions actuelles.
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Il y a des âges glaciaires et interglaciaires. Ces variations climatiques, comme on le voit ci-dessous, résultent des cycles orbitaux, nommés cycles de Milankovitch.
ppM = parties par Milliard pour le CH4 (méthane), en rouge
ppm = parties par million pour le CO2 (dioxyde de carbone), en bleu

Il est à noter que le taux de CO2 atmosphérique varie de 140 ppm à 280 ppm au cours de ces cycles. Quand il l'a dépassé, comme lors de l'extinction Permienne, les émissions de CO2, alors causées par une activité volcanique intense et longue de milliers d'années, ont fait grimper la température globale et l'acidité des océans à des niveaux intolérables pour soutenir la Vie de cette époque : 95% des espèces marines y ont disparu de même que 75% des espèces terrestres.

Nov 2017 : nos émissions de CO2 atteignent plus 406,58 ppm  (source) et ça monte et le taux de méthane aussi grimpe (source).
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Au cours de la dernière déglaciation, le taux de montée du niveau des océans a atteint 20 mètres en moins de 500 ans et peut-être même en moins de 200 ans (Wikipedia).
Hausses abruptes du niveau des océans sont nommées en Anglais Melt water pulses (poussées d'eau de fonte).

     De nos jours

Le taux moyen actuel de la hausse du niveau des océans est de 3,4mm/an (NASA), une augmentation de 50% par rapport à avant 1993. Le réchauffement actuel se déroule 10 fois plus rapidement que tout ce que la nature, si laissée à elle-même, a pu produire au cours des dernières 65 millions d'années (source en Anglais).
En blanc, hausse du niveau des océans combinée.
En vert, contribution du Groenland
En jaune, contribution de l'Antarctique
20 ans à 50 mm par an = 1 mètre de hausse du niveau des océans! 
Il y a ~11 000 en Antarctique...

Ces profondes cicatrices laissées sur le fond marin à la même époque où sont morts les coraux mentionnés plus haut, montrent les traces qu'ont laissées les icebergs qui se sont rapidement détachés du glacier Pine Island.
Dans cet article en Anglais, on explique que l'eau  de 1°C à 2°C de plus chaude que la moyenne locale a fait tripler le taux de fonte de quatre glaciers en Antarctique. Les plateaux de glace étalés sur la mer devant ces glaciers sont  en train de se désintégrer, un a même presque totalement disparu depuis l'arrivée d'eau plus chaude. La fonte et l'écoulement de ces 4 "petits" glaciers provoqueront à eux seuls, une hausse de 1,2 mètre du niveau des océans.
Rappelons que 93% du réchauffement s'engouffre dans les océans
Une cascade d'icebergs

La partie Ouest de l'inlandsis Antarctique est la première qui rejoindra la mer. C'est celle dont nous parlons dans cet article.

Tant qu'ils sont là, les plateaux de glace étalés sur la mer devant les glaciers en bordure des calottes glaciaires agissent un peu comme un bouchon sur une vaste bouteille de champagne.

La vraie question est "quand". La vraie réponse est "beaucoup plus tôt que prévu".
On pense donc que d'ici 20 à 50 ans, ces six glaciers feront, à eux seuls, monter le niveau des océans de plus de 2 mètres, possiblement de 4 mètres...
En novembre 2009, le taux maximum d'écoulement était ~8,33 mètres par an. Suite à l'arrivée d'eau plus chaude vers 2015, la vitesse maximale d'écoulement des quatre glaciers est de 4 Km/an.
Quand on vous dit que ça s'accélère exponentiellement...
La majorité de ces quatre glaciers repose sur du sol à environ 600,46 mètres sous le niveau de l'océan. Ce qu'on vient de dire ne concerne qu'une très petite partie de l'Antarctique, voyez la partie gauche de la carte et le minuscule carré de la zone de ces quatre "petits" glaciers. Notez les autres zones de fonte sans oublier que le Groenland fond presque 50% plus rapidement.

Le glacier Pine Island, situé dans l'Ouest de l'Antarctique, a vu sa fonte et sa vitesse d’écoulement s'accélérer de façon fulgurante depuis 2015, ce qui fait dire aux glaciologues que la fonte des calottes est beaucoup plus rapide, et imprévisible, que toutes leurs prévisions.
Un iceberg de 267 km carrés s'est détaché du glacier Pine Island fin septembre 2017.

Depuis le début des observations en 1947 et jusqu'en 2015, la barrière de glace de ce glacier n'avait presque pas bougé. Mais depuis 2015, elle recule à toute vitesse ce qui permettra au glacier de s'écouler de plus en plus rapidement vers la mer : un exemple parmi d'autres.
Depuis 1950, nous sommes dans l'ère climatique moderne de "la grande accélération"
Le Pine Island et le Thwaites, d'une épaisseur de 3 km et d'une superficie équivalente à celle du Texas (696 241 km2), fondent et s'avancent de plus en plus rapidement dans l'océan vont nous apporter 3,35 mètres de hausse du niveau des océans. Leurs barrières de glace sont très affaiblis et leur vitesse d'écoulement s'accélère comme le montre le diagramme suivant. La fonte et la descente vers les océans de ces glaciers ne sera que le début car une partie de l’inlandsis  suivra rapidement, tout comme pour les autres glaciers longeant l'Antarctique et le Groenland.

De gauche à droite : le Pine Island, le Thwaites et les quatre petits mentionnés plus haut.
Si on compare la fonte des calottes glaciaires à un véhicule automobile, ce dernier aurait plusieurs accélérateurs.

Mécanisme de fonte des inlandsis

À mesure que les barrières de glace fondent et se brisent, le poids de l'inlandsis propulse ces glaciers vers l'océan de plus en plus rapidement.

Vu que ces glaciers ont une formidable hauteur, leurs falaises, de plus en plus hautes, s'écroulent sous leurs propres poids au fur et à mesure qu'elles dépassent la "ligne de sol" (grounding line), qui elle recule parce que les glaciers fondent principalement par le dessous, toujours à cause de l'eau plus chaude qui s'y engouffre.
Réactions en chaînes :
  • les plateaux disparaissent
  • les glaciers suivent en accélérant le pas
  • les inlandsis suivent en faisant de très grands pas
Ce scénario-catastrophe pourrait être amoindri seulement si nous réduisons drastiquement, et dès maintenant, nos émissions de gaz à effet de serre. Idéalement. il aurait fallu débuter cette réduction dès les premières alertes lancées par les scientifiques en 1965. sinon, dès le début des années 1990.

Ce glacier, comme les autres et l'inlandsis derrière fait environ 3km de haut. 
On nous fait croire que le temps,  c'est de l'argent, mais on ne nous dit pas que le climat, c'est la Vie.
Au Groenland, le Jakobshavn, un imposant glacier, a perdu sa barrière de glace et recule de 20 mètres par jour. C'est ce qui se prépare pour le Pine Island, le Thwaites et les autres. On a fait des modèles basés sur l'effondrement de ce glacier afin de prévoir tes taux de fonte et d'écoulement des six glaciers de l'Antarctique mentionnés. Par souci de conservatisme, ils ont coupé les données de 50% : pas pour des motifs scientifiques.


Depuis bien avant l'apparition des humains, les gigatonnes de glace se sont accumulées sur le continent Antarctique ont fait descendre la majorité du continent sous le niveau des eaux. Ces six glaciers sont sur une pente qui remonte vers l'océan et donc, l'eau plus chaude y pénètre plus profondément, accélérant fonte et l'avance des glaciers. La perte des plateaux de glace envoie des signaux aux inlandsis jusqu'à 900 kilomètres à l'intérieur de s'écouler dans la direction des barrières disparues (excellent article en Français).
On voit ici comment et à quelles vitesses l'inlandsis Antarctique s'écoule. La partie où il y a du rouge et de bleu, c'est "l'Ouest de l'Antarctique".

À deux mètres de hausse du niveau des océans, c'est 12 millions de personnes qui seraient déplacées... seulement aux États-Unis.

Même des villes comme Montréal, Québec et Chicoutimi pour ne parler que du Québec que je connais bien, sont menacées bien qu'elles ne soient pas à proprement parler des "villes côtières". Car lorsque le niveau des océans aura monté de deux mètres, le fleuve Saint-Laurent et la rivière Saguenay verront la même augmentation ; simple physique des vases communicants que nous avons apprise à l'école.

En plus, les ports, des parties de routes côtières ainsi que plusieurs aéroports de part le monde deviendront inutilisables. Comment seront acheminés les biens et principalement la nourriture? Habituez-vous à consommer local.

Et quand l'eau salée monte, elle contamine les sols beaucoup plus loin que le rivage, ce qui rendra l’agriculture impossible dans des endroits comme au Bangladesh  et contaminera, comme on le voit déjà en Floride et chez des populations insulaires les puits dans lesquels l'eau potable est puisée.

Vidéo en Anglais
Pour avoir les sous-titres en Français, il faut
1- Clic sur le bouton à gauche de l'engrenage
2- Clic sur l'engrenage puis sur sous-titres
3- Clic sur Traduire et une nouvelle fenêtre apparaît
4 Choisir Français (la traduction est imparfaite)



Trouver votre ville : Simulateur de hausse du niveau des océans

samedi 18 novembre 2017

#COP23 De l'inutilité des COP

Désolé pour mon absence, c'est la Vie ça aussi.
J'ai passé les 5 à 6 dernières années à apprendre et comprendre le réchauffement climatique. Au cours des derniers 30 mois, j'ai tenté de vous l'expliquer sur ce blogue.  J'en ai appris beaucoup et j'espère que vous aussi. Le plus important à retenir est qu'il faut agir.
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Le climat de la Terre est remarquablement stable depuis 10 000 ans, c'est ce qui a permis l'émergence de l'agriculture et conséquemment, la venue de civilisations. Mais combien de degrés de réchauffement suffisent pour déstabiliser l'équilibre climatique? Et possiblement pour toujours, sans possibilité de retour en arrière...

Nous savons que si le réchauffement se stabilisait à 1°C, que c'est déjà suffisant pour faire grimper le niveau des océans de 5 à 9 mètres et d'accroître significativement la probabilité d'événements météos extrême : La Très Controversée Étude du Célèbre James Hansen et son Équipe

Sans l'ombre d'un doute, il y a ce risque que nous observons actuellement de déclencher des boucles à rétroaction positives, c'est à dire  qui accélèrent le réchauffement climatique et déclencheront, tôt ou tard. d'autres boucles à rétroaction positives vers un réchauffement de plus en plus puissant et rapide, jusqu'à...
Le déstabiliser au point de déclencher une 6e extinction de masse... 
Nous sommes sur la trajectoire qui garantit beaucoup plus que 2°C de réchauffement global moyen, le double ou le triple. Rappelons que le réchauffement s'est accéléré davantage depuis l'an 2000 et que ce que l'on nomme «la grande accélération» en science climatique débute en 1950.
On voit que le climat se refroidissait très lentement et que depuis le début de l'industrialisation (1850), qu'il se réchauffe très rapidement à cause de nos émissions de gaz à effet de serre. Notez «la grande accélération» depuis 1950.
Jamais la Terre ne s'est réchauffée si rapidement
.
Ça fait (au moins) 25 années que tous nos politiciens et industriels savent que nous détruisons notre maison, la biosphère (une très mince couche d’environ 25km d’épaisseur autour de la planète Vie) et ils ne font toujours rien, sauf de faire semblant qu’ils s’en préoccupent… en faisant un max de profits. On doit croire qu'ils sont mal informés?

Ça fait 25 années que Severn Cullis-Suzuki a parlé avec beaucoup d’aplomb à nos représentants lors du sommet de la terre tenu à Rio en 1992. Elle avait 12 ans à l’époque. Écoutez-la attentivement et sachez qu'il y a d’autres jeunes qui poussent sur les poussifs.

Et ça fait depuis 1965 que le président Américain de l’époque (et conséquemment presque tous les autres de l'Occident) a été averti des risques du réchauffement global comme on l’appelait à l’époque, car ceux avec une bonne longue vue (métaphore pour instruments & méthode scientifiques) voyaient déjà la fumée des catastrophes climatiques à venir. Aujourd’hui par contre, environs 70% des Américains sont convaincus de la réalité du changement climatique et près de 50% de sa dangerosité et dont la civilisation moderne est la seule cause, parce que nous utilisations à outrance des combustibles fossiles, principalement de la part des riches : nous les occidentaux. Article à lire

Les profits sont une dépendance mortelle... pour les autres.

La pétrolière EXXON savait dès 1981, suite à des conclusions de ses chercheurs, que les émissions de CO2 causées par le fait de brûler des combustibles fossiles aurait des conséquences désastreuses sur le climat et donc sur l'ensemble de la vie. Oubliez vos théories conspirationnistes farfelues, souvent soutenues par l'industrie des combustibles car : EXXON savait

Si les taux atmosphérique de CO2 et de méthane (CH4) augmentent à un taux catastrophique, c'est qu'il y a deux causes : notre consommation augmente sans qu'on se soucie des impacts, parce que les puits de carbone (végétation, sols et océans) en absorbent de moins en moins et même commencent émettent des quantités de plus en plus importantes. Nous avons dépassé la limite de ce que la nature peut absorber : la Biosphère fait une indigestion.

Les promesses de la COP21 étaient vides, la preuve, elles nous garantissent 3°C à 5°C de réchauffement global moyen selon la trajectoire actuelle (pas 1,5 à 2°C) : ce sera donc le double ou le triple Arctique et en Antarctique avec de sévères conséquences catastrophiques pour bien des gens et pour d'autres créatures vivantes avec lesquelles nous partageons cette plus qu’exceptionnelle espace de vie.

Nos émissions de CO2 augmentent encore au lieu de diminuer comme le démontre le graphique suivant tiré de cette étude scientifique (en Anglais)


Rien n'est plus dangereux que de donner l'illusion de s'occuper du problème et de ne rien faire. Imaginez si les pompiers ne faisaient que semblant d'éteindre le feu qui ravage votre maison? La situation actuelle n'est pas la faute de tous les humains, mais des plus riches et de ceux qui veulent vivre comme les plus riches et qui consomment sans penser aux autres être vivants.
Si on laisse faire nos politiciens, ils vont tous nous tuer.
Chris Hedges

Le cri d’alarme de quinze mille scientifiques sur l’état de la planète

«La Terre est notre seule maison»

15 364 scientifiques de 184 pays lancent un cri d’alarme sur l’état catastrophique de la biosphère. Ils étaient 1 700 à le faire en 1992 pour le « Sommet de la Terre ». Ceux et celles qui ne sont pas inquiets pour l’avenir de leurs enfants ont la tête profondément enfoncée dans leur petit nombril ou dans le sable… bitumineux. Par surcroît, la population mondiale a gonflé de 2 milliards d’humains depuis 1992.
Le «tweet» du scientifique Jason Box a frappé dans le mille et a fait des vagues. C'est un glaciologue qui passe sa vie à étudier les mécanismes de la fonte du Groenland disait :
«Quand votre boulot quotidien est la fin de la civilisation humaine»

Voici 13 de leurs recommandations qu’on devrait juger essentielles pour la survie de la Vie

Les transitions vers la durabilité peuvent s’effectuer sous différentes formes, mais toutes exigent une pression de la société civile, des campagnes d’explications fondées sur des preuves, un leadership politique et une solide compréhension des instruments politiques, des marchés et d’autres facteurs. Voici – sans ordre d’urgence ou d’importance – treize exemples de mesures efficaces et diversifiées que l’humanité devrait prendre pour opérer a transition vers la durabilité :
  1. privilégier la mise en place de réserves naturelles marines et terrestres interconnectées, correctement financées et correctement gérées, destinées à protéger une proportion importante des divers habitats terrestres, marins et aériens.
  2. préserver les services rendus par la nature via les écosystèmes en stoppant la conversion et la destruction des forêts, prairies et autres habitats originels ;
  3. restaurer sur une grande échelle les communautés végétales, notamment les prés et les forêts ;
  4. ré-ensauvager des régions abritant des espèces endémiques, particulièrement les prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire loups, lions requins, etc.), afin de rétablir la dynamique et les processus écologiques ;
  5. développer et adopter des instruments politiques adéquats pour lutter contre la destruction de la faune, le braconnage, l’exploitation et le trafic des espèces menacées ;
  6. réduire le gaspillage alimentaire par l’éducation et l’amélioration des infrastructures ;
  7. promouvoir une réorientation du régime alimentaire vers une nourriture d’origine essentiellement végétale ;
  8. réduire encore le taux de fécondité en faisant en sorte qu’hommes et femmes aient accès à l’éducation et à des services de planning familial, particulièrement dans les régions où ces services manquent encore ;
  9. multiplier les sorties en extérieur pour les enfants afin de développer leur sensibilité à la nature, et d’une manière générale améliorer l’appréciation de la nature dans toute la société ;
  10. désinvestir dans certains secteurs (pétroliers, pesticides, armements) et cesser certains achats afin d’encourager un changement environnemental positif ;
  11. concevoir et promouvoir de nouvelles technologies vertes et se tourner massivement vers les sources d’énergie renouvelables et durables tout en réduisant progressivement les aides financières à la production d’énergie des combustibles fossiles ;
  12. revoir notre économie afin de réduire les inégalités sociaux-économiques et faire en sorte que les prix, les taxes et les dispositifs incitatifs prennent en compte le coût total réel de nos habitudes de consommation pour protéger l’environnement ;
  13. déterminer à long terme une taille de population humaine (actuellement 7,5 milliards) soutenable et scientifiquement défendable tout en s’assurant du soutien des pays et des responsables des sociétés de ce monde pour atteindre cet objectif vital (sans les exterminer bien sûr).
Voir le document original en Anglais. 

En bref, il faut s’éduquer soi-même. Nous aurions besoin de 5 planètes  habitables pour vivre tous comme les Canadiens, les Américains ou les Australiens et nous sommes tous sur la seule et unique Terre.

Vous avez entendu parler de la présumée limite de 2°C qu'il ne faudrait pas dépasser?

2°C est l'idée d’un économiste Américain des années 1970 et qui a réussi à survivre au GIEC sans aucune analyse scientifique rigoureuse??? Non! L’économie n’est pas une science, c’est beaucoup plus comme une religion car il faut «croire en la valeur de l’argent» sinon, le système s’écroule comme une religion désuète et est aussi basée sur une fausse prémisse : les gens consomment rationnellement alors que c'est le contraire que le marketing démontre. À ce rythme, l'économie va s'écrouler tôt ou tard de toute façon et je suis conscient que rendu à ce point, ce sera catastrophique pour tous.
L’économie, cette nouvelle "religion" prétend que sa croissance est essentielle : rien ne peut grandir indéfiniment.
Le physicien James Hansen soutenait que même un seul degré C de réchauffement serait dangereux  car il provoque 5 à 9 mètres de hausse du niveau des océans (si on se stabilisait à 1°C) et une météo très chaotique : est-ce un risque acceptable? La Très Controversée Étude du Célèbre James Hansen et son Équipe
L'argent ne se mange ni se boit, et ne donne pas la Vie
Nous sommes en train de dépasser allègrement le 1°C. Il faut voir les conséquences actuelles. La Terre a Dépassé le Max d'Absortion Carbone – Sans que Personne ne le Remarque

Il n'y a pas que le climat de l'atmosphère et le taux de CO2

Les océans sont une composante maîtresse du système climatique. Ils absorbent 93% de la chaleur et 50% du CO2. On oublie toujours l’acidification des océans qui détruit le phytoplancton, principale source d'oxygène (40% de disparu à cause de l'acidification) de la biosphère. L’acidification s'attaque à tout ce qui a une coquille ou un exosquelette, des huîtres aux crabes en passant par le krill.
Le taux d'oxygène de notre atmosphère diminue
La toile de fond de la vie océanique se désagrège...
Comme on le constate, le taux de méthane, qui se mesure en parties par milliard et non en parties par million. On estime que le méthane représente 50% du réchauffement climatique causé par le CO2, mais cet écart diminue car le taux de méthane augmente nettement plus rapidement...
Pourquoi le taux de méthane augmente-t-il si rapidement?
Il y a de plus en plus d'élevages de bovinés (qui produisent 11% plus de méthane que ce qu'on pensait il y a moins d'un an).

Les importantes fuites des installations de gaz naturel. L’Oklahoma, état Américain où se fait beaucoup de fracturation hydraulique pour extraire du gaz naturel émet autant de méthane que tout le reste des états sur le continent.
 En surplus, le nombre de tremblements de terre annuelle y est passé de 3 à plus de 500 à cause de la fracturation hydraulique. Article parue dans Le Monde

J’ai souvent parlé du méthane de l'Arctique. Je m’informe à plusieurs sources et apparemment, la « bombe méthane de l’Arctique » est réelle et a un puissant potentiel de réchauffement climatique ; c'est nous qui l'amorçons et ce qu'on tente de désamorcer, c'est la panique, pas la bombe!

L’arctique se réchauffe au moins plus de deux fois plus rapidement, jusqu’à 7°C à Barrow, Alaska comparé à 1°C de réchauffement global moyen. Le méthane s’échappe de plus en plus du pergélisol (terrestre et sous-marin) Arctique. Les estimations sont que d’ici 2100, il pourrait s’échapper de 50 à 250 gigatonnes de de méthane et de CO2, ce qui amplifierait rapidement le réchauffement climatique, déjà très grave.

Le méthane qui s'échappe du pergélisol Arctique à mesure qu'il dégèle...
Et ça, à environ 0.95°C de réchauffement atmosphérique global moyen...
J'aimerais bien savoir où c'en est rendu en 2017 avec 1°C et des hivers encore plus courts et secouées de vagues de chaleur jamais vu en Arctique.
Les scientifiques ont découvert une soixantaine de boucles qui amplifient et accélèrent un réchauffement climatique (boucles à rétroaction) ; il y a aussi des boucles à rétroaction qui refroidissent le climat en période de glaciation, mais même la prochaine période glaciaire prévue pour dans 30 000 à 50 000 ans ne se produira pas à cause de notre insouciance. En plus, la décomposition de la matière organique produit de la chaleur, un accélérateur de plus nommé «la bombe compost».
N.B. Les boucles à rétroaction positives réchauffent le climat, les négatives le refroidissent.

Souvenez vous que pour chaque degré de réchauffement causé par les gaz à effet de serre, il s’ajoute assez de vapeur d’eau pour doubler le réchauffement : 1° devient 2°, un truc souvent oublié ou ignoré.

Une des plus dangereuses boucles à rétroactions est possiblement la «bombe méthane». Si le méthane s’enflamme à la sortie, ça ne fait que du CO2, sinon, le méthane est un puissant gaz à effet de serre et pourrait multiplier et accélérer de beaucoup le réchauffement climatique.
« Nous sommes la cause du réchauffement climatique, nous devons maintenant être la solution» et j’ajouterais «coûte que coûte».

Quelques boucles à rétroactions du système climatique

  • La diminution des banquises Arctique et Antarctique : au lieu de réfracter 94% de la chaleur du soleil, la réduction des banquise permet à 93% de la chaleur de pénétrer dans les océans ;
  • le réchauffement augmente le nombre et l'intensité des feux de forêts qui émettent du CO2 et accélèrent le réchauffement ;
  • la chaleur assèche les sols ce qui fait mourir la végétation qui dégage du CO2 ;
    le réchauffement fait fondre les glaciers qui ne reçoivent plus assez de neige, fondent en exposant du sol, ce qui accélère aussi le réchauffement
  • le réchauffement provoque de l'évaporation et la vapeur d'eau est aussi un puissant gaz à effet de serre (la vapeur d'eau ne tient pas plus de 12 jours et tombe sous forme de précipitations, mais le réchauffement la remplace en continu
  • la glace qui fond dégage aussi de la chaleur
  • le réchauffement fait fondre le pergélisol qui dégage soit du CO2 (si de l'oxygène est présente), soit du méthane dans le cas contraire

Et il y en aurait une soixantaine de ces boucles à rétroactions d'identifiées.
 
Les seules exemples d’une surdose de CO2 et/ou du méthane ont résulté en des extinctions, certaines massives (plus de 50% des espèces ont disparu à jamais.

Une chanson de circonstances...

Chaque année dans le monde, 5 300 milliards de nos dollars sont dépensés par les États pour soutenir les énergies fossiles, selon les estimations du Fonds monétaire international (Article source)

ABSOLUMENT INSENSÉ!!!

La maison Blanche était à la COP23 pour promouvoir le charbon, le gaz naturel (méthane) et le nucléaire.

Vidéo en Anglais : https://www.youtube.com/watch?v=EcbRyJQVLKU
Des protecteurs-activistes bien intentionnés sont allés y faire une petite protestation... Donc, Trump et ses acolytes les poursuivent en justice pour terrorisme!!!
Qui sont les véritables terroristes dans cette histoire??? (et dans bien d'autres).

P.S. Si vous désirez comprendre pourquoi les pôles se réchauffent plus vite, voir cet article antérieur.

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Si c'est pas toi, qui? Si pas maintenant, quand?
Le temps nous manque : 25 ans d'inaction et de promesses vides et de faux semblants de la part des élus. La survie de vos enfants et petits enfants dépend désormais de vous, ainsi que celle de millions d'espèces animales et végétales.
Comment faire partie de la solution...
Ça commence par moi

jeudi 9 novembre 2017

Nourrir l’Europe en temps de crise (sans fin)

Un article de Michel-Pierre Colin

Pablo Servigne vient de ré-éditer son livre (de 2014) en le complétant. Les impacts du changement climatique sur l’agriculture et l’alimentation industrielle sont aujourd'hui directement palpables par le citoyen dans le circuit de distribution alimentaire dont il dépend. En voici quelques extraits choisis :

Le système alimentaire industriel actuel “est conditionné par deux postulats : une disponibilité illimitée en énergies fossiles bon marché et une stabilité du climat.”

“Or, ces deux postulats sont aujourd’hui remis en cause, ce qui permet, au moins, de se poser la question de la viabilité de tels systèmes alimentaires. Il ne s’agit pas uniquement d’un problème d’agriculture : la sécurité alimentaire de l’Europe dépend presque entièrement du système industriel dans son ensemble, c’est-à-dire, pour la voir de manière verticale, toute la filière allant du champ à la décharge en passant par le supermarché et l’assiette.”

“Dans cette optique, il devient assez évident que continuer des politiques de statu quo met en danger la stabilité et la pérennité du système alimentaire industriel, autrement dit, rien moins que la survie de notre civilisation.”

“La FAO estime à 850 millions le nombre d’êtres humains sous-alimentés ; à deux milliards ceux qui souffrent de malnutrition.”

“L’agriculture devra désormais être cadrée par deux principes fondamentaux : restaurer les écosystèmes et se limiter uniquement aux énergies renouvelables.”

“La transition est vue ici comme le passage d’un système industriel dominant à de multiples systèmes très divers, plus autonomes en énergie, plus simples et plus locaux.”

“Mais surtout, la mise en place d’une grande politique de transition rapide, coordonnée, volontariste – et forcément linéaire – ne doit pas faire oublier la création de forces opérationnelles (task forces) travaillant sur des scénarios de catastrophes. Prévoir les deux est un facteur primordial de résilience.”

“L’Europe est quant à elle entièrement dépendante des importations de phosphore, ce qui pose un grave problème de sécurité alimentaire.”

“L’Europe, malgré des technologies qui dissimulent les véritables causes de l’épuisement des ressources, est l’une des régions du monde les plus exposées (par sa densité de population) à des risques de pandémie et de perte de biodiversité causées par des pénuries d’eau ou des pollutions.”

“Mais on ne se relève pas aussi aisément de la fin des énergies fossiles ou d’un climat déstabilisé, de même qu’on ne peut faire revivre les espèces disparues. Les crises économiques sont des problèmes pour lesquels il existe des solutions. Les autres crises ne sont pas des problèmes : ce sont des situations difficiles (predicament en anglais) pour lesquelles il n’y a pas de solutions ; seulement des chemins à emprunter et des mesures à prendre pour s’y adapter.”

“Au niveau politique, en cas de grave récession, la destruction de la biodiversité et le réchauffement climatique sont relégués au dernier rang des priorités (comme on le constate à l’heure actuelle), ce qui aggrave les conséquences désastreuses qu’ils ont déjà sur notre société et notre économie.”

“Il est ainsi très probable que la première étincelle vienne du monde de la finance et de l’économie (probablement causée par un problème énergétique), et déclenche une réaction en chaîne qui se propagera rapidement à toute l’économie mondiale, favorisant des décisions politiques qui iront aggraver les crises des systèmes naturels… ce qui en retour précipitera l’effondrement de l’ensemble du système économique. Or un choc économique déstabilise les systèmes alimentaires industriels, car sans pétrole ni gaz naturel bon marché, il devient très difficile d’irriguer, d’extraire des phosphates, de fabriquer de l’engrais azoté et de distribuer la nourriture rapidement.”

“En général, pour les écosystèmes, les seuils sont atteints à partir de 50 à 90 % de la surface dégradée. Au-delà, ce qu’il reste de l’écosystème se détériore très rapidement et de manière irréversible. L’interaction entre les crises globales augmente donc considérablement les chances de dépasser un seuil critique qui mènera à des changements globaux. Il se peut même que nous soyons très proches d’un seuil critique irréversible à l’échelle de la planète.”

“C’est vers la création de petits systèmes résilients que nous nous dirigerons. Ce ne sera évidemment pas chose facile, mais les sentiers ont déjà été tracés par de nombreuses expériences très concrètes. Elles demeurent cependant assez invisibles aux yeux du grand public et des décideurs politiques. L’hypothèse de ce livre est qu’avec ce nouveau cadre de pensée systémique, couplé à une pensée de la résilience, elles deviendront alors perceptibles et crédibles et, pourquoi pas, désirables. Si ces expériences pionnières deviennent visibles pour tous, alors il est possible d’entrevoir de nouveaux avenirs.”

“Mais tant que les prix de l’énergie resteront artificiellement bas et que les coûts environnementaux ne seront pas pris en compte, la logique économique obligera à préférer ce système globalisé plutôt que la production locale. Le principal facteur déclencheur d’un renversement de tendance est donc très probablement le prix et la disponibilité de l’énergie.”

“En bref, produire, transformer et consommer localement de la nourriture augmente la sécurité alimentaire des régions, créé des emplois locaux et réduit la consommation d’énergies fossiles (et par conséquent l’impact sur le climat). Mais la localisation doit rester un chemin et ne pas devenir un dogme.”

“La vulnérabilité des monocultures aux maladies et aux ravageurs a été largement démontrée. Les systèmes agricoles d’avenir seront donc logiquement tournés vers de la polyculture, combinant plusieurs espèces végétales (associations culturales), des grandes cultures et des arbres (agroforesterie), et même un mélange de cultures, d’arbres et d’animaux (agroécologie et permaculture). Ainsi, les agroécosystèmes gagneront en biodiversité et en hétérogénéité, ce qui diminuera leur vulnérabilité face aux maladies et aux perturbations climatiques.”

“Au début de la chaîne, le système industriel doit s’approvisionner en grandes quantités de matières premières, et à l’autre bout de la chaîne, il rejette beaucoup de déchets. Pour résoudre ces deux problèmes à la fois, il est indispensable d’abandonner une vision linéaire du système et de fermer les cycles : les déchets des uns sont la matière première des autres.”

“Une activité agricole d’avenir est condamnée à être responsable non seulement de la production alimentaire, mais aussi de la restauration des fonctions des écosystèmes.”

“Il existe, en plus du système industriel dominant, trois autres types de systèmes alimentaires alternatifs : les systèmes domestiques (de type familial), les systèmes de proximité (circuits courts), et les systèmes vivriers territoriaux (grandes ceintures autour des villes).”

“Bien évidemment, une politique de résilience implique de miser sur ces trois systèmes alimentaires simultanément, et de les renforcer avant les chocs systémiques !”

“Repenser l’alimentation des villes oblige inévitablement à protéger et à stimuler l’agriculture périurbaine. Pour mettre en place une transition rapide et efficace vers l’après-pétrole, on peut d’ores et déjà imaginer des projets ambitieux autour des villes.”

“L’idée centrale qui doit guider la conception des alternatives émergentes est de veiller à rester fonctionnel même en cas de rupture temporaire d’approvisionnement en énergie (pétrole, électricité, etc.) ou en matériaux.”

“S’il n’y a plus d’importations d’énergie fossile vers l’Europe et si, par conséquent, les principales sources d’énergie deviennent le solaire, la biomasse et l’éolien, il apparaît évident que le rôle de producteur d’énergie reviendra aux zones rurales.”

“Avant la révolution industrielle, les systèmes agricoles et forestiers étaient les principaux producteurs primaires d’énergie, mais depuis la révolution industrielle, ils sont tous devenus des “usines” à convertir le pétrole en nourriture, c’est-à-dire des gouffres énergétiques !”

“Il y a urgence à former très rapidement et à grande échelle des nouveaux paysans, forestiers, éleveurs et maraîchers et à envisager une conversion rapide et planifiée d’une grande partie de la population active vers l’agriculture.”

“Les paysans du futur sont donc déjà nés, mais ils ne savent pas encore qu’ils seront paysans ! Non seulement ils seront nombreux, mais leur travail sera intensif en connaissances. Ils intégreront les dernières découvertes en écologie, ainsi que les innovations agroécologiques, et les combineront à certains savoirs d’antan. Cette grande quête des savoirs que possédaient nos ancêtres, le mouvement de la Transition l’appelle “la grande requalification” – the great reskilling. Il est évidemment indispensable de la démarrer dès aujourd’hui et à grande échelle.”

“Le climat est un paramètre qui va redessiner les paysages et les systèmes alimentaires. Nous avons, malheureusement, très peu de prises sur lui. Il faudra donc augmenter ou restaurer la capacité des agroécosystèmes à “encaisser” des écarts climatiques importants sur une courte période (sécheresses, températures extrêmes, ouragans, inondations, etc.) et à naviguer par temps incertain. S’il y a un exercice d’implémentation des principes de résilience à ne pas manquer, c’est bien celui-là.”

“Maintenir l’actuel système n’est tout simplement pas une option à long terme. Seule la durée de la transition et les stratégies à mettre en place pour effectuer cette transition devraient faire l’objet de débats.”

“Les dernières conclusions du GIEC le confirment, validant ainsi la première partie du présent rapport : nos systèmes alimentaires industriels risquent des ruptures irréversibles et systémiques dans les prochaines années.”

“Nous sommes entrés dans le temps de la construction urgente de systèmes résilients. Cette transition créera un monde plus décentralisé et une multitude très hétérogène d’économies locales bien plus autonomes. Nous allons bien vers une régionalisation de l’Europe. Les chaînes d’approvisionnement seront plus courtes, les productions agricoles plus diversifiées et l’agriculture, qu’elle soit urbaine ou rurale, sera intensive en main-d’œuvre et en connaissances, mais sobre en énergie.”

“Au niveau global, l’important est de ne pas ignorer les catastrophes qui sont en train d’avoir lieu, de mettre en place une transition aux objectifs à moyen terme très forts (2020-2030), et en parallèle de prévoir la possibilité d’une rupture systémique globale. Ceci n’est pas une conclusion isolée, elle fait écho à une multitude de travaux scientifiques récents effectués par des chercheurs de plus en plus inquiets. Son absence dans les médias et dans les débats tient au fait que nous n’aimons pas entendre de mauvaises nouvelles, aussi rationnelles soient-elles.”

“Ainsi, aujourd’hui, l’utopie a changé de camp. Être utopiste consiste à croire que tout peut continuer tel quel. Ce business “as usual” est peut-être désirable et confortable pour certains, mais il n’aura pas lieu. Nous avons la certitude qu’une politique de statu quo mène à une impasse et à des bouleversements qui dépassent l’entendement. Le réalisme, c’est de mettre toute l’énergie qui nous reste dans cette transition rapide et radicale. L’action est l’unique manière que nous ayons de sortir de cette position d’inconfort, elle redonne espoir et apporte quotidiennement des satisfactions qui nous maintiennent optimistes.”

Ce livre est complété par une postface de OLIVIER DE SCHUTTER, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation (2008-2014) :

“Je remercie Pablo Servigne de me fournir l’occasion de dire tout l’intérêt que présente son ouvrage pour orienter la transition de nos systèmes alimentaires afin de sortir de l’impasse actuelle. Le XXe siècle fut celui des économies d’échelle, de la poursuite à tout prix de la compétitivité et de l’efficience et de l’uniformisation des solutions. Notre siècle est celui de la prolifération des initiatives à plus petite échelle, qui favorise la résilience à travers la diversité : Pablo Servigne nous y fait entrer.”