Petit manuel de collapsologie à l'usage des générations présentes
Pablo Servigne et Raphaël Stevens
Les
auteurs avaient choisi ce titre pour leur livre, mais l'éditeur a
changé ce « va » en « peut » pour des raisons commerciales. C'est
pourquoi il faut rétablir la certitude qui existe dans l'esprit de Pablo
Servigne et de son coauteur, de l'effondrement très proche (la
génération présente) du monde tel que nous le connaissons y compris
celle du genre humain sur la planète Terre.
Dans
les conversations on entend de plus en plus souvent des expressions
comme : « on va droit dans le mur », « les animaux sont en pleine
extinction des espèces », ou « pourquoi font-ils encore des grosses par
les temps qui courent ». Les médias parlent de catastrophe pour les
avions qui s'écrasent, les trains qui déraillent, mais ne parlent pas
des catastrophes qui durent, celles qui ne suivent pas le rythme de
l'actualité, comme les crises environnementales, économiques,
énergétiques, climatiques, qui ont passé des points de non-retour.
Toutes ces crises sont interconnectées et se nourrissent les unes des
autres.
Ce
livre nous apporte un immense faisceau de preuves, avec plus de 400
références, qui suggèrent que nous faisons face à des instabilités
systémiques de plus en plus grandes. Elles menacent certains peuples,
voire les humains dans leur ensemble, à se maintenir dans un habitat
viable. Il s'agit d'un effondrement pour lequel les auteurs reprennent
la définition d'Yves Cochet : « l'effondrement est le processus à
l'issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement,
habillement, énergie, etc.) ne sont plus fournis [à un coût raisonnable]
à une majorité de la population par des services encadrés par la loi ».
Les
auteurs utilisent la métaphore de la voiture pour nous expliquer les
notions de limites infranchissables et de frontières transgressibles. La
disponibilité du carburant est une limite infranchissable dont j'ai
déjà parlé dans « Les limites à l'extraction du pétrole et autres minerais ».
En
définitive, nous payons nos énergies en créant de la dette qui est
reprise par nos banques centrales (en Europe au rythme de 80 milliards
d'euros par mois). Maintenant que le coût de ces ressources devient trop
élevé, le système basé sur la dette ne fonctionne quasiment plus. Le
plus urgent pour l'avenir est de savoir combien de temps notre système
économico-énergétique peut encore tenir. Nous vivons les derniers
toussotements du moteur de notre voiture qui représente notre
civilisation industrielle avant son extinction.
Les
frontières franchissables pour notre voiture sont des sorties de route
qui nous amènent sur des seuils de basculement au-delà desquels il n'est
plus possible de revenir en arrière comme le réchauffement climatique qui
provoque des événements extrêmes comme tempêtes, ouragans, inondations,
sécheresse, pénuries d'eau, vagues de chaleur plus longues et plus
intenses. On constate déjà des contrecoups comme la fonte des glaces aux
pôles et des glaciers, la modification de la circulation des courants
océaniques, des pénuries d'eau, la propagation de maladies contagieuses,
la prolifération de ravageurs et de nuisibles, l'extinction de
nombreuses espèces vivantes, la destruction des écosystèmes, la
diminution des rendements agricoles, des pertes économiques, des
troubles sociaux et de l'instabilité politique.
« Le
dernier rapport du GIEC indique la possibilité de rupture des systèmes
alimentaires qui augmentera les risques de guerres civiles et de
violences intergroupes. Mais le problème de ce rapport est qu'il ne
prend pas en compte les effets amplificateurs des nombreuses boucles de
rétroactions climatiques, comme la libération de grandes quantités de
méthane dues au dégel du pergélisol. Or, ces boucles sont susceptibles
de se déclencher à partir de +3°C ou +4°C. Au-delà, il est très
difficile de décrire précisément ce qui pourrait advenir. Néanmoins, les
scénarios des experts sont en général unanimes et virent très
rapidement à la catastrophe » (page 73).
« Pour
que les paléontologues parlent de « sixième extinction de masse » il
faudra arriver à ce que plus de 75% des espèces de la planète
disparaissent. (N.B. 58% a été annoncé). Pourtant la société ne
reconnaît pas encore le déclin de la biodiversité comme un facteur
majeur de changement global, au même titre que d'autres crises qui
mobilise la communauté internationale, comme le réchauffement
climatique, la pollution, le trou dans la couche d'ozone ou
l'acidification des océans » (page 81).
D'autres
frontières planétaires ont été transgressées : le changement
climatique, la biodiversité, le changement d'affectation des sols
(déclin des forêts), les grands cycles biogéochimiques de l'azote et du
phosphore. Ces quatre domaines sont des frontières qui ont été
perturbées de manière irréversible.
L'effondrement
est maintenant plus proche. Il n'est donc plus question d'arrêter net
l'usage des énergies fossiles car cela mènerait à un effondrement
économique, social et politique, et peut-être à la fin de la
civilisation thermo-industrielle. Mais, maintenir en route le moteur de
notre voiture mène à transgresser plus de frontières, donc à d'autres
points de basculement climatiques, écologiques, doublé d'un effondrement
du genre humain.
Nous sommes prévenus :
« Aujourd'hui nous sommes sûrs de quatre choses :
1. La croissance physique de nos sociétés va s'arrêter dans un futur proche ;
2. Nous avons altéré l'ensemble du système Terre de façon irréversible ;
3. Nous allons vers un avenir très instable, « non linéaire » (exponentiel) dont les grandes perturbations seront la norme ;
4. Nous pouvons désormais être soumis potentiellement à des effondrements systémiques mondiaux » (pages 129-130).
Y-a-t-il
des signaux précurseurs d'un effondrement ? Pas vraiment. Les
tentatives de développer des signaux avant-coureurs ont échoué ou ne
font pas consensus pour le moment entre chercheurs. Il est conseillé
d'adopter une attitude de « catastrophisme éclairé » : agir comme si ces
changements abrupts étaient certains, et tout faire pour qu'ils ne se
réalisent pas.
Cliquer pour agrandir
Parmi
les modèles mathématiques, un seul modèle qui a plus de 45 ans est
assez robuste, le modèle de Donella et Dennis Meadows. Au MIT le modèle
informatique systémique World3 décrit les interactions entre les
paramètres du monde, dont les plus importants sont : la population, la
production industrielle, la production de services, la nourriture, le
niveau de pollution et les ressources non renouvelables. Le but est de
simuler le système monde sur la base des données réelles de 1972. Le
premier résultat dans un scénario « business as usual » met en évidence
un monde extrêmement instable qui prévoit un effondrement au XXIe
siècle. La production agricole s'effondre entre 2015 et 2025, puis la
population diminue.
Les
chercheurs ont modélisé des scénarios alternatifs menant à des
effondrements et se sont aperçus qu'ils pouvaient stabiliser un monde
soutenable en modifiant simultanément plusieurs paramètres à partir de
1980. Ces paramètres sont :
- Stabiliser la population mondiale ;
- Stabiliser (limiter) la production industrielle ;
- Diminuer les niveaux de pollution et d'érosion des sols.
Ce
scénario d'équilibre devait permettre à moins de 8 milliards
d'habitants de vivre à un niveau de vie proche de ce que nous
connaissons. Ceci a été publié pour la 3ème fois en 2004. Les mises à
jour du modèle en 1992 et 2002 ont confirmé les résultats initiaux et
ont montré que rien n'a été fait pour éviter le scénario « business as
usual », c'est à dire le pire scénario. Le modèle a résisté à 40 ans de
violentes critiques et a corroboré 40 ans de faits.
L'effondrement de la civilisation industrielle est un predicament,
mot anglais qui désigne une situation inextricable, irréversible et
complexe pour laquelle il n'y a pas de solution. Mais il y a cependant
des choses à faire sur le plan local pour créer les conditions
résilientes de vie ultérieure. Selon l'ingénieur russo-américain Dmitry
Orlov qui a étudié l'effondrement soviétique, on peut décomposer
l'effondrement en cinq stades, dans un ordre de gravité croissant,
constituant l'échelle d'Orlov : financier, économique, politique,
social, culturel et écologique[i]
Plus
sérieusement, le modèle d'effondrement systémique basé sur l'étude des
dynamiques des systèmes complexes et des réseaux (pages 193-194) décrit
notre civilisation comme un système hautement complexe avec (1)
dépassement de points de basculement invisibles, (2) des relations de
causalité non-linéaires, (3) des boucles de rétroaction amplificatrices
nombreuses. Ce modèle prédit des dépassements de seuil inaperçus avec
effets ultérieurs non-linéaires et brutaux. Dans des situations
d'urgence notre capacité adaptative (résilience des institutions et des
hommes) est réduite et nous rend moins aptes à organiser des
« relances ».
Dans
cet ordre d'idées, le problème majeur est le risque nucléaire. Devant
le désintérêt de la génération présente à acquérir ce savoir, devant les
jeunes diplômés qui quittent la filière, et devant le départ en
retraite de la moitié du personnel travaillant dans les centrales
nucléaires, comment va-t-on « gérer » le risque nucléaire dans des
situations d'urgence ? Ces importantes pertes de compétences sont déjà
de nature à déclencher un effondrement. Il faut toujours garder à
l'esprit que l'arrêt définitif d'un réacteur demande un an de
refroidissement et au moins une décennie pour son démantèlement avec
toute l'électricité et le carburant nécessaire pour ce faire. De plus,
qui pourra garantir le maintien en poste de centaines de techniciens et
d'ingénieurs chargés de ces opérations ? Outre les causes d'accident
déjà relevées à Tchernobyl et Fukushima, le réchauffement climatique
ajoute de nouvelles instabilités comme les inondations tempétueuses et
le manque d'eau de refroidissement et des effets indirects liés aux
migrations comme le terrorisme et les conflits armés.
Dans
l'étude de l'être humain face à l'effondrement, on ne peut écarter
l'examen de la démographie. Aborder le sujet en public est absolument
tabou, car cela amène toujours à la même question : « Vous voulez faire
comme en Chine, c'est ça ? ». Le chiffre de 9 milliards en 2050 est une
prévision mathématique sortie d'un modèle théorique qui peut s'énoncer :
la population devrait arriver à 9 milliards en 2050 toutes choses étant égales par ailleurs.
Pour
l'équipe Meadows au MIT, la démographie du système-Terre, marqué par
l'instabilité de notre civilisation industrielle, mène à un déclin
irréversible et incontrôlé à partir de 2030. L'être humain est partagé
entre les imaginaires cornucopien – l'avenir est un progrès continu et
illimité grâce à la technologie et à l'inventivité – et malthusien –
l'avenir arrive à un moment où des limites ne permettent plus de
continuer une croissance démographique continue – ce qui l'amène à
alterner ces imaginaires au cours des cycles millénaires de
civilisations : naissance, croissance, stagnation, déclin, puis
renaissance ou extinction.
Selon
Harald Welzer, la sociologie de l'effondrement montre comment une
société peut lentement et imperceptiblement repousser les limites du
tolérable au point de remettre en cause ses valeurs pacifiques et
humanistes et sombrer dans l'inacceptable. C'est le cas des politiques
de plus en plus agressives envers les migrants déjà touchés par les
catastrophes. Les grandes catastrophes peuvent ainsi induire une colère
généralisée des populations envers les gouvernements et les institutions
dans les prochaines années.
Après
une catastrophe qui suspend les activités normales et cause des
dommages sérieux à une communauté, la plupart des gens montrent des
comportements extraordinairement altruistes, calmes et posés. Certains
prennent même des risques insensés pour aider les personnes autour
d'eux. L'image d'un être humain égoïste et paniqué n'est absolument pas
corroboré par les faits. Nous entrons bientôt dans l'ère de l'entraide.
Par contre, en cas d'effondrement énergétique les individualistes seront
les premiers à mourir. En cas d'effondrement à répétition (p.ex.
effondrement boursier puis énergétique) certains seront obsédés par
revenir à l'ordre antérieur, d'autres se concentreront sur la pérennité
des institutions, et d'autres en profiteront pour changer l'ordre
social.
Cette
transition vers une autre société nous oblige à travailler notre
imaginaire, donc de nous faire des récits pour inverser ces spirales de
violence et de pessimisme. Des récits qui rejettent toute dissonance
cognitive et tout déni. Soyons les transitionneurs qui inventent leur
propre avenir. Car les initiatives de transition libèrent les gens de
ces sentiments d'impuissance tellement toxique et répandue dans la
population. L'urgence est de reconstruire un tissu social local solide
et vivant, doté d'un climat de confiance, c'est-à-dire un véritable
« capital social » qui puisse servir en cas de catastrophe.
Pourquoi
« les gens n'y croient pas », c'est-à-dire la psychologie de
l'effondrement tient à cette tendance des gens, lorsqu'on leur dit la
vérité, à devenir pessimistes, résignés ou à juste rejeter le message.
Selon Clive Hamilton dans « Requiem pour l'espèce humaine », (et aussi
Paul Jorion dans « Le dernier qui s'en va éteint la lumière ») nous ne
sommes pas équipés pour percevoir les dangers que représentent les
menaces systémiques, ni les menaces à long terme. Nos cerveaux sont trop
habitués à effectuer des problèmes immédiats et ont développé des
sensibilités aux dangers concrets et visibles. C'est le problème de la
grenouille et de l'eau bouillante.
Dans
le cas du déni, les gens ne trouvent pas crédible les données
scientifiques ni les constats alarmants des médias, car l'obstacle c'est
l'impossibilité de croire que le pire va arriver. Les données étant de
plus en plus précises au fil du temps, les négationnistes continuent à
changer les raisons de ne pas changer leur comportement.
Parmi les personnes qui semblent convaincues, on distingue cinq catégories de réactions :
Les çavapétistes (« ça
va péter ») montrent un imaginaire de la catastrophe très sombre,
nihiliste même, montrant une colère envers la société. Cette attitude
est toxique en temps de catastrophe pour l'organisation politique et
sociale.
Très fréquents, les aquoibonistes (« à
quoi bon ? ») sont ceux qui disent « foutu pour foutu, profitons de ce
qui nous reste ! ». Avec deux tendances, l'épicurien style Rabelais qui
savoure les plaisirs de la vie, et « l'enfoiré » qui veux tout consommer
ou saccager avant de partir.
De plus en plus nombreux, les survivalistes ou preppers (« à
chacun sa merde ») se barricadent, s'enferment, se bunkérisent,
stockent le nécessaire, s'informent sur la purification de l'eau, les
plantes sauvages. Leur imaginaire c'est Mad Max et la croyance que
l'être humain est profondément mauvais.
Les transitionneurs (« on
est tous dans le même bateau ») souvent non-violents, collectivistes,
appellent à une transition à grande échelle, car la vie n'a plus de sens
si tout s'effondre. Pratiquant l'ouverture et l'inclusion, ils sont
convaincus que l'avenir est dans les éco villages, l'entraide et
l'imaginaire de transition. Ils pensent « ensemble on va plus loin ».
Les collapsologues ont
une passion pour le sujet. Étudier, partager, écrire, communiquer,
comprendre, devient une activité chronophage pour ces « geeks du
collapse » dont les plus célèbres sont nommés « collapsniks » qui
sont souvent des ingénieurs et des hommes. Ce clivage homme femme se
révèle quand les hommes débattent de chiffres, de faits et de
techniques, tandis que les femmes abordent les aspects émotionnels et
spirituels.
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Comment
vivre avec, et vivre en bonne santé, consiste à voir dans la nécessaire
transition psychologique un processus de deuil qui traverse cinq étapes
selon le modèle de Élisabeth Kübler-Ross, psychologue américaine
spécialiste du deuil : le déni, la colère, la peur (marchandage), la
dépression et l'acceptation. On a constaté que les moments de
témoignages et de partage d'émotions avec d'autres, permettent aux
personnes présentes de prendre conscience qu'elles ne sont pas seules à
affronter cet avenir et à ressentir ces émotions, à exprimer leur colère
envers les hommes politiques, les dirigeants des multinationales et les
climato-négationnistes, tous responsables du retard impossible à
rattraper.
On
ne peut pas attendre que chacun fasse son deuil avant de commencer à
agir. Dans la politique de l'effondrement l'action fait partie de la
« transition intérieure » qui permet dès la prise de conscience de
sortir de l'état d'impuissance et maintient l'optimisme. Il n'est jamais
trop tard pour construire des petits systèmes résilients à l'échelle
locale, afin de mieux encaisser les chocs économiques, sociaux et
écologiques à venir.
Parmi
les systèmes anticipatifs résilients, on compte les coopératives
citoyennes de production d'énergies renouvelables, les groupements
alimentaires locaux ou de nouveaux modèles économiques et monétaires
locaux et coopératifs. Tout en permettant la coexistence de deux
systèmes, l'un mourant l'autre naissant. Cette politique paradoxale à la
fois catastrophiste et optimiste, pose le problème qu'il faille
accepter publiquement et officiellement la mort du vieux monde, les
populations réagissant par des troubles qui précipiteront ce qu'on
voulait anticiper.
Les
transitionneurs n'attendent pas les gouvernements, ils inventent la
façon de vivre l'effondrement de manière non-tragique. Une fois
« branchés » sur des petits systèmes autonomes, résilients et low tech,
les transitionneurs peuvent alors « se débrancher » de l'ancien système
qui risquait de les emporter dans sa chute. C'est passer de
l'indépendance à l'interdépendance : une mosaïque de petites démocraties
locales est-elle un projet démocratique ?
En fait, il n'y a même pas de solution à chercher à notre situation inextricable (predicament)
, il y a juste des chemins à emprunter pour s'adapter à notre nouvelle
réalité. L'utopie a changé de camp : l'utopiste est celui qui croit que
tout peut continuer comme avant, le réaliste met toute son énergie dans
la construction de résilience locale, qu'elle soit territoriale ou
humaine.
La
collapsologie est l'exercice transdisciplinaire de l'étude de
l'effondrement de notre civilisation industrielle, et de ce qui pourrait
lui succéder, en s'appuyant sur les deux modes cognitifs que sont la
raison et l’intuition, et sur des travaux scientifiques reconnus.
Les
auteurs pensaient au début 2015 que la fenêtre d'opportunité pour
éviter un effondrement global étaient déjà en train de se refermer.
« Pendant
sa tournée européenne 2011-2012, Dennis Meadows, plus pessimiste que
jamais, répétait dans les interviews et dans un article écrit pour
l'institut Momentum :
il
est trop tard pour le développement durable, il faut se préparer aux
chocs et construire dans l'urgence des petits systèmes résilients »
(page 173).
L'effondrement n'est pas la fin mais le début de notre avenir !
[i] L'effondrement
soviétique s'est arrêté au stade politique. L'effondrement social se
retrouve dans des conflits internes : guerre civile et « chacun pour
soi » avec un processus de dépeuplement qui se met en place.
L'effondrement culturel se produit lorsque la foi en l'humanité est
perdue. Le stade d'effondrement écologique est atteint quand la
possibilité de redémarrer une société ne semble plus possible à cause
d'un environnement épuisé.
Petit manuel de collapsologie à l'usage des générations présentes
Pablo Servigne et Raphaël Stevens
Les
auteurs avaient choisi ce titre pour leur livre, mais l'éditeur a
changé ce « va » en « peut » pour des raisons commerciales. C'est
pourquoi il faut rétablir la certitude qui existe dans l'esprit de Pablo
Servigne et de son coauteur, de l'effondrement très proche (la
génération présente) du monde tel que nous le connaissons y compris
celle du genre humain sur la planète Terre.
Dans
les conversations on entend de plus en plus souvent des expressions
comme : « on va droit dans le mur », « les animaux sont en pleine
extinction des espèces », ou « pourquoi font-ils encore des grosses par
les temps qui courent ». Les médias parlent de catastrophe pour les
avions qui s'écrasent, les trains qui déraillent, mais ne parlent pas
des catastrophes qui durent, celles qui ne suivent pas le rythme de
l'actualité, comme les crises environnementales, économiques,
énergétiques, climatiques, qui ont passé des points de non-retour.
Toutes ces crises sont interconnectées et se nourrissent les unes des
autres.
Ce
livre nous apporte un immense faisceau de preuves, avec plus de 400
références, qui suggèrent que nous faisons face à des instabilités
systémiques de plus en plus grandes. Elles menacent certains peuples,
voire les humains dans leur ensemble, à se maintenir dans un habitat
viable. Il s'agit d'un effondrement pour lequel les auteurs reprennent
la définition d'Yves Cochet : « l'effondrement est le processus à
l'issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement,
habillement, énergie, etc.) ne sont plus fournis [à un coût raisonnable]
à une majorité de la population par des services encadrés par la loi ».
Les
auteurs utilisent la métaphore de la voiture pour nous expliquer les
notions de limites infranchissables et de frontières transgressibles. La
disponibilité du carburant est une limite infranchissable dont j'ai
déjà parlé dans « Les limites à l'extraction du pétrole et autres minerais ».
En
définitive, nous payons nos énergies en créant de la dette qui est
reprise par nos banques centrales (en Europe au rythme de 80 milliards
d'euros par mois). Maintenant que le coût de ces ressources devient trop
élevé, le système basé sur la dette ne fonctionne quasiment plus. Le
plus urgent pour l'avenir est de savoir combien de temps notre système
économico-énergétique peut encore tenir. Nous vivons les derniers
toussotements du moteur de notre voiture qui représente notre
civilisation industrielle avant son extinction.
Les
frontières franchissables pour notre voiture sont des sorties de route
qui nous amènent sur des seuils de basculement au-delà desquels il n'est
plus possible de revenir en arrière comme le réchauffement climatique qui
provoque des événements extrêmes comme tempêtes, ouragans, inondations,
sécheresse, pénuries d'eau, vagues de chaleur plus longues et plus
intenses. On constate déjà des contrecoups comme la fonte des glaces aux
pôles et des glaciers, la modification de la circulation des courants
océaniques, des pénuries d'eau, la propagation de maladies contagieuses,
la prolifération de ravageurs et de nuisibles, l'extinction de
nombreuses espèces vivantes, la destruction des écosystèmes, la
diminution des rendements agricoles, des pertes économiques, des
troubles sociaux et de l'instabilité politique.
« Le
dernier rapport du GIEC indique la possibilité de rupture des systèmes
alimentaires qui augmentera les risques de guerres civiles et de
violences intergroupes. Mais le problème de ce rapport est qu'il ne
prend pas en compte les effets amplificateurs des nombreuses boucles de
rétroactions climatiques, comme la libération de grandes quantités de
méthane dues au dégel du pergélisol. Or, ces boucles sont susceptibles
de se déclencher à partir de +3°C ou +4°C. Au-delà, il est très
difficile de décrire précisément ce qui pourrait advenir. Néanmoins, les
scénarios des experts sont en général unanimes et virent très
rapidement à la catastrophe » (page 73).
« Pour
que les paléontologues parlent de « sixième extinction de masse » il
faudra arriver à ce que plus de 75% des espèces de la planète
disparaissent. (N.B. 58% a été annoncé). Pourtant la société ne
reconnaît pas encore le déclin de la biodiversité comme un facteur
majeur de changement global, au même titre que d'autres crises qui
mobilise la communauté internationale, comme le réchauffement
climatique, la pollution, le trou dans la couche d'ozone ou
l'acidification des océans » (page 81).
D'autres
frontières planétaires ont été transgressées : le changement
climatique, la biodiversité, le changement d'affectation des sols
(déclin des forêts), les grands cycles biogéochimiques de l'azote et du
phosphore. Ces quatre domaines sont des frontières qui ont été
perturbées de manière irréversible.
L'effondrement
est maintenant plus proche. Il n'est donc plus question d'arrêter net
l'usage des énergies fossiles car cela mènerait à un effondrement
économique, social et politique, et peut-être à la fin de la
civilisation thermo-industrielle. Mais, maintenir en route le moteur de
notre voiture mène à transgresser plus de frontières, donc à d'autres
points de basculement climatiques, écologiques, doublé d'un effondrement
du genre humain.
Nous sommes prévenus :
« Aujourd'hui nous sommes sûrs de quatre choses :
1. La croissance physique de nos sociétés va s'arrêter dans un futur proche ;
2. Nous avons altéré l'ensemble du système Terre de façon irréversible ;
3. Nous allons vers un avenir très instable, « non linéaire » (exponentiel) dont les grandes perturbations seront la norme ;
4. Nous pouvons désormais être soumis potentiellement à des effondrements systémiques mondiaux » (pages 129-130).
Y-a-t-il
des signaux précurseurs d'un effondrement ? Pas vraiment. Les
tentatives de développer des signaux avant-coureurs ont échoué ou ne
font pas consensus pour le moment entre chercheurs. Il est conseillé
d'adopter une attitude de « catastrophisme éclairé » : agir comme si ces
changements abrupts étaient certains, et tout faire pour qu'ils ne se
réalisent pas.
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Parmi
les modèles mathématiques, un seul modèle qui a plus de 45 ans est
assez robuste, le modèle de Donella et Dennis Meadows. Au MIT le modèle
informatique systémique World3 décrit les interactions entre les
paramètres du monde, dont les plus importants sont : la population, la
production industrielle, la production de services, la nourriture, le
niveau de pollution et les ressources non renouvelables. Le but est de
simuler le système monde sur la base des données réelles de 1972. Le
premier résultat dans un scénario « business as usual » met en évidence
un monde extrêmement instable qui prévoit un effondrement au XXIe
siècle. La production agricole s'effondre entre 2015 et 2025, puis la
population diminue.
Les
chercheurs ont modélisé des scénarios alternatifs menant à des
effondrements et se sont aperçus qu'ils pouvaient stabiliser un monde
soutenable en modifiant simultanément plusieurs paramètres à partir de
1980. Ces paramètres sont :
- Stabiliser la population mondiale ;
- Stabiliser (limiter) la production industrielle ;
- Diminuer les niveaux de pollution et d'érosion des sols.
Ce
scénario d'équilibre devait permettre à moins de 8 milliards
d'habitants de vivre à un niveau de vie proche de ce que nous
connaissons. Ceci a été publié pour la 3ème fois en 2004. Les mises à
jour du modèle en 1992 et 2002 ont confirmé les résultats initiaux et
ont montré que rien n'a été fait pour éviter le scénario « business as
usual », c'est à dire le pire scénario. Le modèle a résisté à 40 ans de
violentes critiques et a corroboré 40 ans de faits.
L'effondrement de la civilisation industrielle est un predicament,
mot anglais qui désigne une situation inextricable, irréversible et
complexe pour laquelle il n'y a pas de solution. Mais il y a cependant
des choses à faire sur le plan local pour créer les conditions
résilientes de vie ultérieure. Selon l'ingénieur russo-américain Dmitry
Orlov qui a étudié l'effondrement soviétique, on peut décomposer
l'effondrement en cinq stades, dans un ordre de gravité croissant,
constituant l'échelle d'Orlov : financier, économique, politique,
social, culturel et écologique[i]
Plus
sérieusement, le modèle d'effondrement systémique basé sur l'étude des
dynamiques des systèmes complexes et des réseaux (pages 193-194) décrit
notre civilisation comme un système hautement complexe avec (1)
dépassement de points de basculement invisibles, (2) des relations de
causalité non-linéaires, (3) des boucles de rétroaction amplificatrices
nombreuses. Ce modèle prédit des dépassements de seuil inaperçus avec
effets ultérieurs non-linéaires et brutaux. Dans des situations
d'urgence notre capacité adaptative (résilience des institutions et des
hommes) est réduite et nous rend moins aptes à organiser des
« relances ».
Dans
cet ordre d'idées, le problème majeur est le risque nucléaire. Devant
le désintérêt de la génération présente à acquérir ce savoir, devant les
jeunes diplômés qui quittent la filière, et devant le départ en
retraite de la moitié du personnel travaillant dans les centrales
nucléaires, comment va-t-on « gérer » le risque nucléaire dans des
situations d'urgence ? Ces importantes pertes de compétences sont déjà
de nature à déclencher un effondrement. Il faut toujours garder à
l'esprit que l'arrêt définitif d'un réacteur demande un an de
refroidissement et au moins une décennie pour son démantèlement avec
toute l'électricité et le carburant nécessaire pour ce faire. De plus,
qui pourra garantir le maintien en poste de centaines de techniciens et
d'ingénieurs chargés de ces opérations ? Outre les causes d'accident
déjà relevées à Tchernobyl et Fukushima, le réchauffement climatique
ajoute de nouvelles instabilités comme les inondations tempétueuses et
le manque d'eau de refroidissement et des effets indirects liés aux
migrations comme le terrorisme et les conflits armés.
Dans
l'étude de l'être humain face à l'effondrement, on ne peut écarter
l'examen de la démographie. Aborder le sujet en public est absolument
tabou, car cela amène toujours à la même question : « Vous voulez faire
comme en Chine, c'est ça ? ». Le chiffre de 9 milliards en 2050 est une
prévision mathématique sortie d'un modèle théorique qui peut s'énoncer :
la population devrait arriver à 9 milliards en 2050 toutes choses étant égales par ailleurs.
Pour
l'équipe Meadows au MIT, la démographie du système-Terre, marqué par
l'instabilité de notre civilisation industrielle, mène à un déclin
irréversible et incontrôlé à partir de 2030. L'être humain est partagé
entre les imaginaires cornucopien – l'avenir est un progrès continu et
illimité grâce à la technologie et à l'inventivité – et malthusien –
l'avenir arrive à un moment où des limites ne permettent plus de
continuer une croissance démographique continue – ce qui l'amène à
alterner ces imaginaires au cours des cycles millénaires de
civilisations : naissance, croissance, stagnation, déclin, puis
renaissance ou extinction.
Selon
Harald Welzer, la sociologie de l'effondrement montre comment une
société peut lentement et imperceptiblement repousser les limites du
tolérable au point de remettre en cause ses valeurs pacifiques et
humanistes et sombrer dans l'inacceptable. C'est le cas des politiques
de plus en plus agressives envers les migrants déjà touchés par les
catastrophes. Les grandes catastrophes peuvent ainsi induire une colère
généralisée des populations envers les gouvernements et les institutions
dans les prochaines années.
Après
une catastrophe qui suspend les activités normales et cause des
dommages sérieux à une communauté, la plupart des gens montrent des
comportements extraordinairement altruistes, calmes et posés. Certains
prennent même des risques insensés pour aider les personnes autour
d'eux. L'image d'un être humain égoïste et paniqué n'est absolument pas
corroboré par les faits. Nous entrons bientôt dans l'ère de l'entraide.
Par contre, en cas d'effondrement énergétique les individualistes seront
les premiers à mourir. En cas d'effondrement à répétition (p.ex.
effondrement boursier puis énergétique) certains seront obsédés par
revenir à l'ordre antérieur, d'autres se concentreront sur la pérennité
des institutions, et d'autres en profiteront pour changer l'ordre
social.
Cette
transition vers une autre société nous oblige à travailler notre
imaginaire, donc de nous faire des récits pour inverser ces spirales de
violence et de pessimisme. Des récits qui rejettent toute dissonance
cognitive et tout déni. Soyons les transitionneurs qui inventent leur
propre avenir. Car les initiatives de transition libèrent les gens de
ces sentiments d'impuissance tellement toxique et répandue dans la
population. L'urgence est de reconstruire un tissu social local solide
et vivant, doté d'un climat de confiance, c'est-à-dire un véritable
« capital social » qui puisse servir en cas de catastrophe.
Pourquoi
« les gens n'y croient pas », c'est-à-dire la psychologie de
l'effondrement tient à cette tendance des gens, lorsqu'on leur dit la
vérité, à devenir pessimistes, résignés ou à juste rejeter le message.
Selon Clive Hamilton dans « Requiem pour l'espèce humaine », (et aussi
Paul Jorion dans « Le dernier qui s'en va éteint la lumière ») nous ne
sommes pas équipés pour percevoir les dangers que représentent les
menaces systémiques, ni les menaces à long terme. Nos cerveaux sont trop
habitués à effectuer des problèmes immédiats et ont développé des
sensibilités aux dangers concrets et visibles. C'est le problème de la
grenouille et de l'eau bouillante.
Dans
le cas du déni, les gens ne trouvent pas crédible les données
scientifiques ni les constats alarmants des médias, car l'obstacle c'est
l'impossibilité de croire que le pire va arriver. Les données étant de
plus en plus précises au fil du temps, les négationnistes continuent à
changer les raisons de ne pas changer leur comportement.
Parmi les personnes qui semblent convaincues, on distingue cinq catégories de réactions :
Les çavapétistes (« ça
va péter ») montrent un imaginaire de la catastrophe très sombre,
nihiliste même, montrant une colère envers la société. Cette attitude
est toxique en temps de catastrophe pour l'organisation politique et
sociale.
Très fréquents, les aquoibonistes (« à
quoi bon ? ») sont ceux qui disent « foutu pour foutu, profitons de ce
qui nous reste ! ». Avec deux tendances, l'épicurien style Rabelais qui
savoure les plaisirs de la vie, et « l'enfoiré » qui veux tout consommer
ou saccager avant de partir.
De plus en plus nombreux, les survivalistes ou preppers (« à
chacun sa merde ») se barricadent, s'enferment, se bunkérisent,
stockent le nécessaire, s'informent sur la purification de l'eau, les
plantes sauvages. Leur imaginaire c'est Mad Max et la croyance que
l'être humain est profondément mauvais.
Les transitionneurs (« on
est tous dans le même bateau ») souvent non-violents, collectivistes,
appellent à une transition à grande échelle, car la vie n'a plus de sens
si tout s'effondre. Pratiquant l'ouverture et l'inclusion, ils sont
convaincus que l'avenir est dans les éco villages, l'entraide et
l'imaginaire de transition. Ils pensent « ensemble on va plus loin ».
Les collapsologues ont
une passion pour le sujet. Étudier, partager, écrire, communiquer,
comprendre, devient une activité chronophage pour ces « geeks du
collapse » dont les plus célèbres sont nommés « collapsniks » qui
sont souvent des ingénieurs et des hommes. Ce clivage homme femme se
révèle quand les hommes débattent de chiffres, de faits et de
techniques, tandis que les femmes abordent les aspects émotionnels et
spirituels.
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Comment
vivre avec, et vivre en bonne santé, consiste à voir dans la nécessaire
transition psychologique un processus de deuil qui traverse cinq étapes
selon le modèle de Élisabeth Kübler-Ross, psychologue américaine
spécialiste du deuil : le déni, la colère, la peur (marchandage), la
dépression et l'acceptation. On a constaté que les moments de
témoignages et de partage d'émotions avec d'autres, permettent aux
personnes présentes de prendre conscience qu'elles ne sont pas seules à
affronter cet avenir et à ressentir ces émotions, à exprimer leur colère
envers les hommes politiques, les dirigeants des multinationales et les
climato-négationnistes, tous responsables du retard impossible à
rattraper.
On
ne peut pas attendre que chacun fasse son deuil avant de commencer à
agir. Dans la politique de l'effondrement l'action fait partie de la
« transition intérieure » qui permet dès la prise de conscience de
sortir de l'état d'impuissance et maintient l'optimisme. Il n'est jamais
trop tard pour construire des petits systèmes résilients à l'échelle
locale, afin de mieux encaisser les chocs économiques, sociaux et
écologiques à venir.
Parmi
les systèmes anticipatifs résilients, on compte les coopératives
citoyennes de production d'énergies renouvelables, les groupements
alimentaires locaux ou de nouveaux modèles économiques et monétaires
locaux et coopératifs. Tout en permettant la coexistence de deux
systèmes, l'un mourant l'autre naissant. Cette politique paradoxale à la
fois catastrophiste et optimiste, pose le problème qu'il faille
accepter publiquement et officiellement la mort du vieux monde, les
populations réagissant par des troubles qui précipiteront ce qu'on
voulait anticiper.
Les
transitionneurs n'attendent pas les gouvernements, ils inventent la
façon de vivre l'effondrement de manière non-tragique. Une fois
« branchés » sur des petits systèmes autonomes, résilients et low tech,
les transitionneurs peuvent alors « se débrancher » de l'ancien système
qui risquait de les emporter dans sa chute. C'est passer de
l'indépendance à l'interdépendance : une mosaïque de petites démocraties
locales est-elle un projet démocratique ?
En fait, il n'y a même pas de solution à chercher à notre situation inextricable (predicament)
, il y a juste des chemins à emprunter pour s'adapter à notre nouvelle
réalité. L'utopie a changé de camp : l'utopiste est celui qui croit que
tout peut continuer comme avant, le réaliste met toute son énergie dans
la construction de résilience locale, qu'elle soit territoriale ou
humaine.
La
collapsologie est l'exercice transdisciplinaire de l'étude de
l'effondrement de notre civilisation industrielle, et de ce qui pourrait
lui succéder, en s'appuyant sur les deux modes cognitifs que sont la
raison et l’intuition, et sur des travaux scientifiques reconnus.
Les
auteurs pensaient au début 2015 que la fenêtre d'opportunité pour
éviter un effondrement global étaient déjà en train de se refermer.
« Pendant
sa tournée européenne 2011-2012, Dennis Meadows, plus pessimiste que
jamais, répétait dans les interviews et dans un article écrit pour
l'institut Momentum :
il
est trop tard pour le développement durable, il faut se préparer aux
chocs et construire dans l'urgence des petits systèmes résilients »
(page 173).
L'effondrement n'est pas la fin mais le début de notre avenir !
[i] L'effondrement
soviétique s'est arrêté au stade politique. L'effondrement social se
retrouve dans des conflits internes : guerre civile et « chacun pour
soi » avec un processus de dépeuplement qui se met en place.
L'effondrement culturel se produit lorsque la foi en l'humanité est
perdue. Le stade d'effondrement écologique est atteint quand la
possibilité de redémarrer une société ne semble plus possible à cause
d'un environnement épuisé.
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