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lundi 19 juin 2017

Désolé pour le ralentissement...

Je ne parle pas du réchauffement climatique ; il s'accélère à une vitesse fulgurante.


Non, c'est moi qui ralentit la cadence, je n'ai pas le choix.


Ne vous en faites pas, c'est temporaire... et j'essaierai quand même d'écrire, mais ce sera lent.

Il y a une centaine d'articles sur ce blogue, lisez, relisez et repartagez les SVP.

     Merci

Passez un bel été et pensez à réduire votre empreinte écologique



Une chanson de circonstances...


dimanche 7 mai 2017

Un tour complet du pergélisol (mis à jourle 1er juin 2020)

Le pergélisol représente un important risque climatique qui est, de par sa nature, difficilement quantifiable. Son dégel va relâcher d'importantes quantités de gaz à effet de serre : du CO2 et du méthane. Le méthane qui possède un très puissant et rapide potentiel de réchauffement, s'oxyde en CO2 au fil des ans. Ce pergélisol est congelé depuis environ 300 000 ans.

On distingue  le pergélisol sous-marin et le pergélisol terrestre. Nous avons vu le pergélisol sous-marin dans cet article. Il ne représente apparemment plus un risque aussi élevé ou imminent que lorsqu'on le surnommait "la bombe méthane". Mais il faut continuer de l'étudier et le surveiller de près.

Le pergélisol (terrestre) couvre un cinquième de la surface du globe, principalement en Arctique. Il y en a un peu en Antarctique et aussi en altitude en-dessous de certains glaciers. Il est qualifié de pergélisol s'il reste gelé pendant deux années de suite ou plus.

Si le pergélisol représente un important risque climatique, c'est qu'il contient beaucoup de matière organique de source végétale qui, en se  décomposant, émet du méthane quand il n'y a pas d'oxygène disponible pendant la décomposition (comme en milieu humide), ou qui émet du CO2 quand de l'oxygène est disponible pour la décomposition (à l'air libre). La décomposition est faite par des milliards de milliards de bactéries, il faut le rappeller.

Plusieurs articles au sujet du pergélisol et du méthane sont parus depuis quelques mois. Commençons par celui-ci :

7 000 imposantes bulles de méthane dans le sol Sibérien prête à exploser (en Anglais).
Quand des hydrates de méthane explosent, ça laisse parfois des cratères semblables à celui-ci. Il paraît qu'il y aura bientôt des cratères similaires dans l’Arctique canadien et en Alaska car la Sibérie se réchauffe plus rapidement.
Le méthane se retrouve sous deux formes : à l'état de bulles de gaz ou contenu dans de complexes cages de glace que l'on appelle hydrate de méthane, c'est la glace qui brûle. Ces hydrates de méthane se forment sous haute pression (profondément dans l'océan ou le sol) et/ou s'il fait assez froid, et donc même dans le pergélisol terrestre.

On considère que les cratères comme celui ci-dessus sont causés par des hydrates de méthane. Car quand ceux-ci fondent, ils explosent pour occuper 168 fois leurs volume : 1 mètre cube devient donc 168 mètres cubes en un instant, ce qui est plutôt explosif.

Aussi, ce gaz s'enflamme facilement, après tout, c'est du gaz naturel. Sur des lacs gelés en Arctique, on repère des bulles de méthane sous la glace, on la perce en mettant le feu et VOUF!
Nous le savons, le méthane est un très puissant gaz à effet de serre. Il est 150 fois plus puissant que le CO2 lors de ses 10 premières années dans l'atmosphère, (c'est une rumeur persistante dont j'ignore la source ; je n'ai trouvé aucune référence dans la littérature scientifique sur ce 150 fois après de multiples recherches) C'est donc ±84 fois le CO2 après 20 ans et 34 fois après 100 ans. Au fil du temps, le méthane se dégrade en CO2, vapeur d'eau et autres, rien pour améliorer notre sort.

Autre différence notable avec le CO2, l'action "effet de serre" du méthane se produit instantanément alors que ça prend une décennie avant que le CO2 n'atteigne son plein potentiel de réchauffement après avoir été émis dans l'atmosphère.

Un autre article : Un important dégel de pergélisol documenté au Canada laisse prévoir d'importantes émissions de carbone (en Anglais)

Une étude montre que 135 000 km/2 de pergélisol se détériore rapidement dans le Nord-Ouest Canadien. Il faut rappeller que les gaz à effet de serre devraient s'échapper plutôt lentement ; le dégel du pergélisol prend un certain temps et il tend a regeler lors des hivers, mais ceux-ci sont de moins en mois rigoureux.
La fonte du pergélisol altère le paysage sur de grandes distances.
À mesure que le pergélisol se désintègre, de grande quantités de boues riches en carbone sont envoyées dans les cours d'eau. La dégradation du pergélisol s'intensifie et provoque des glissements de terrain qui vont étouffer la vie dans les lacs et rivières et jusque dans l'Arctique.

De pareils changements s'opèrent aussi en Alaska, en Sibérie et en Scandinavie : le sol se dérobe.
Quand le pergélisol dégèle.
Encore une fois, c'est "plus que prévu", 20% de plus... On prévoit, selon cette étude en Anglais que "4 millions de kilomètres carrés de sol gelé pourraient être perdus pour chaque degré supplémentaire de réchauffement. Actuellement, le permafrost couvre une surface de 15 millions de km²" source Global-Climat.

Dans cet article en Anglais, on précise entre autres choses qu'il est très difficile de savoir quel pourcentage du pergélisol sera émis en gaz à effet de serre et même vers quel type de gaz ils seront décomposés. Donc, impossible de formuler des estimations valables sur le réchauffement subséquent.
C'est le moment de vous rappeler que l'Arctique se réchauffe au moins 2 fois plus rapidement que le reste de la surface du globe.
En Sibérie, c'est presque l'enfer que l'on peut contempler sous le pergélisol qui y dégèle avec une rapidité extraordinaire comparé au Canada ou à l'Alaska. C'est ce que dit cet article en Anglais d'où l'image ci-dessous a été tirée.

"L'entrée vers le monde souterrain" comme le nomme les (rares) habitants locaux. Au fond de cet effondrement de pergélisol en Sibérie, on y trouve une forêt millénaire.
On voit sur cette carte à quel point il a fait chaud en Sibérie (zone rouge sombre à droite) durant la période Janvier-Mars 2017.
2017 est la 4e année de suite de chaleur hivernale excessive pour cette partie du monde (en Anglais).
Dans le cercle arctique, il y a à peine 20 ans, les forêts étaient encore très généralement enneigées fin avril. De nos jours, les forêts flambent... incroyable! Robert Scribbler raconte l'invraisemblable dans cet article en Anglais. C'est un autre indicateur qui montre à quel point l'Arctique se réchauffe rapidement.

Cette étude scientifique (en Anglais) menée par des scientifiques du Laboratoire national Lawrence Berkeley du Département de l'énergie (Berkeley Lab), estime que les sols pourraient libérer beaucoup plus de CO2 que prévu dans l'atmosphère alors que le climat réchauffe.

Les scientifiques ont découvert qu'en réchauffant la surface du pergélisol et en profondeur jusqu'à 100 cm, sur 3 points de mesure on observe une augmentation du taux des émissions de CO2 de 34% à 37% par rapport a du pergélisol non-chauffé. Beaucoup de CO2 émis trouvait son origine dans les couches plus profondes, ce qui indique une plus grande sensibilité au réchauffement des couches profondes (celles qui vont dégeler plus tard).

Les résultats démontrent qu'il y a potentiellement une vaste incertitude en ce qui concerne les prévisions climatiques (pour la fin du siècle). Le taux d'émission de CO2 pourrait dépasser de 30% les émissions humaines. Les prévisions (du GIEC) estimaient que les sols pourraient se réchauffer de 4°C. Ce qui laisse présager d'importantes émissions de gaz à effet de serre venant du pergélisol qui pourraient facilement faire grimper la température de 2°C supplémentaire pour très possiblement dépasser les cataclysmiques 6°C de réchauffement et répandre combien de milliers de térajoules de chaleur dans les océans...

     Le pergélisol Antarctique

Le pergélisol de l'Antarctique commence aussi à dégeler, mais seulement 25% de l'Antarctique est recouvert de pergélisol (environ 3 500 000km2), il n'y a pas de pergélisol sous la glace en Antarctique. Le pergélisol se retrouve principalement dans les "Dry Valleys" (vallées sèches) près de la côte de la mer de Ross. 
Photo : Mike White
Ce pergélisol fond pour une raison hors de l'ordinaire : une diminution de la couverture nuageuse y fait augmenter le niveau d'ensoleillement et c'est cet ensoleillement supplémentaire qui fait fondre le pergélisol dans les "Dry Valleys" comme l'explique cet article en Anglais.
2010, 2011, 2012. Le retrait du pergélisol sur la falaise est évident.
Levy (l'auteur de l'étude) a documenté à l'aide d'un instrument LIDAR et de séquences photographiques un retrait rapide de la glace au sol dans la vallée de Garwood ; des taux de dégel comparables aux taux de dégel les plus faibles observés sur les côtes de l’Arctique ainsi qu'au Tibet.

En conclusion, le pergélisol dégèle presque partout. Les estimations de la contribution au réchauffement global du CO2 et du méthane qui s'échappent du pergélisol varient beaucoup pour l’horizon 2100 pour lequel on prévoit déjà 3°C à 6°C.

On commence à faire des études pointues à ce sujet. Ceci dit, le CO2 et le méthane émis par le pergélisol (terrestre) pourrait ajouter 1°C à 2°C de réchauffement sans sombrer dans l'exagération. 
Pour chaque degré de réchauffement ajouté par les gaz à effet de serre, l'accroissement de la teneur en vapeur d'eau de l'atmosphère augmente assez pour doubler le réchauffement dû aux seuls gaz à effet de serre.
     Mis à jour le 9 mai 2017

Je viens de lire cet article en Anglais dont le titre est : Nous savions tous que ça approchait : Le sol de l'Alaska relâche du CO2 dans l'atmosphère

Une nouvelle étude publiée dans le "Proceedings of the National Academy of Sciences" suggère que le pergélisol dans le Nord relâche dans l'atmosphère une quantité croissante de CO2 à mesure qu'il fond en été et est incapable de regeler en hiver comme auparavant.
Sur une grande région, nous observons un accroissement substantiel de la quantité de CO2 qui s'échappe à l'automne (quand le sol est le plus chaud suite à l'été). Nous savions tous que ça allait arriver, mais je suis étonné qu'on puisse le constater dès maintenant.
Roisin Commane, scientifique de l'atmosphère, Harvard, et auteur principal de l'étude.
     Boucle à rétroaction positive

Plus le pergélisol va relâcher des gaz à effet, plus cela va accroître le réchauffement et plus cela fera dégeler plus de pergélisol qui émettra encore plus de gaz à effet de serre causant encore plus de réchauffement.

Nous aurions vraiment dû agir plus tôt...

dimanche 19 mars 2017

Les banquises fondent et nous regardons ailleurs…

Je repartage cet article de Docuclimat


Les banquises polaires sont les alarmes criantes du réchauffement climatique.

Les températures aux pôles sont bien au dessus des normales depuis la fin de l’année 2016. Conséquences ? En Antarctique le précédent record de plus faible extension minimum de la banquise a été battu en Février 2017, et la banquise Arctique a battu son précédent record de plus faible extension maximum en ce mois de Mars. A l’heure actuelle, la banquise Antarctique reprend son embâcle saisonnière (arrivée de l’automne austral) mais en ayant toujours une extension record par rapport aux précédentes années, tandis que la banquise Arctique commence sa débâcle saisonnière (arrivée du printemps boréal) dans des conditions favorables à une débâcle prononcée, susceptible de nous amener en Septembre à un océan Arctique quasi-libre de glace si des masses d’air anormalement chaudes continuent à parcourir le cercle Arctique…

Voir ici pour les vues satellites et graphiques d’extension des banquises au jour le jour :
https://ads.nipr.ac.jp/vishop.ver1/vishop-extent.html?N (copiez-collez le lien pour pouvoir y accéder)
Un excellent bilan de l’état des banquises en Février par Claude Grandpey :
https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2017/03/19/larctique-et-lantarctique-ont-encore-eu-chaud-en-fevrier-arctic-and-antarctic-still-warm-in-february/
Ainsi, une masse d’air chaud extrême (jusqu’à +30°c d’anomalies) est en train de parcourir la banquise au nord de la Sibérie, et ce jusqu’à J+7 au minimum, ce qui provoque d’ors et déjà un décrochage de l’extension de la banquise arctique… et nous n’avons pas fini d’en voir les conséquences la semaine prochaine…
Or, la banquise Arctique est mal en point à la sortie de cet hiver Boréal. En effet, son épaisseur et notamment son volume sont à des niveaux records bas, ce qui la rend d’autant plus fragile à des conditions favorables à sa débâcle…
Ne manquez pas le site de Zack Labe pour des graphiques régulièrement mis à jour sur l’état complet des banquises, notamment de la banquise Arctique (épaisseurs, volumes, extensions, aires, etc…) :
http://sites.uci.edu/zlabe/research-areas/
Evolution de l’épaisseur de la banquise depuis 1996. Source : Zack Labe
Voir ici l’évolution des anomalies de températures prévues en Arctique dans les prochains jours :
http://cci-reanalyzer.org/wx/fcst/#GFS-025deg.ARC-LEA.T2_anom

Si ces remontées de masse d’air chaudes vers le cercle Arctique continuent durant le reste du printemps et que les conditions météorologiques cet été sont favorables à sa fonte et/ou sa fragmentation, je pense qu’on battra sans problème le record de faible extension minimum de 2012, avec un océan boréal quasi sans glace…

Or les conséquences seraient catastrophiques pour la faune Arctique et pour une accélération du phénomène d’amplification polaire (très faible pouvoir albédo) et ainsi d’un réchauffement de plus en plus prononcé du cercle Arctique, et par là-même du globe, sans parler de la fonte du permafrost. Nous allons vers l’inconnu et cela n’est pas du tout réjouissant…

Voir aussi les documentaires que j’ai référencés ici sur l’Arctique, ainsi que des articles :
https://docuclimat.com/documentaires-en-streaming-par-categories/documentaires-et-ressources-sur-larctique-pole-nord/

De même sur l’Antarctique et sur la fonte des glaciers des massifs montagneux :
https://docuclimat.com/documentaires-en-streaming-par-categories/documentaires-et-ressources-sur-lantarctique-pole-sud-et-les-glaciers/

Pendant ce temps, les « puissants » de ce monde se sont réunis au G20 pour gagner quelques points de croissance en plus et se demandent surement comment profiter de la manne que créera un cercle Arctique sans glace en été et d’un Groenland de plus libéré de sa calotte polaire (riche en pétrole, métaux rares, etc…)…
Notamment en termes d’exploitation de ressources et de voies nouvelles de commerce plus rapides… Au pire se disent-ils qu’ils trouveront des solutions pour s’adapter au réchauffement climatique, voire modifier le climat, tant que l’économie pourra tourner…
Triste et tragique monde…

Mais nous ne pouvons pas regarder cela en spectateurs et se dire que les choses sont de toute manière inéluctables. Nous sommes responsables envers le vivant et les populations les plus touchés par les désastres de la société industrielle d’agir pour une nouvelle manière d’être avec notre environnement et faire tout pour stopper au plus vite nos émissions de gaz à effet de serre !

Yoann

https://docuclimat.com/
Pour une situation plus complète de ce qui se passe d’inquiétant en ce moment, notamment en début d’année 2017, n’hésitez pas à lire ces deux articles que j’ai écris :
https://docuclimat.com/2017/02/21/amplification-dangereuse-du-rechauffement-climatique-en-cours-un-debut-dannee-2017-exceptionnel-et-inquietant/
https://docuclimat.com/2017/03/01/fevrier-2017-record-absolu-de-faible-extension-de-la-banquise-antarctique-et-autres-nouvelles-marquantes-du-rechauffement-climatique/
Et encore une fois, ne manquez pas ces deux immanquables blogs sur le réchauffement climatique et ses conséquences :
http://leclimatoblogue.blogspot.fr/
https://global-climat.com/
P.S : Cet article n’a pas prétention à être exhaustif et de qualité.  J’ai moins le temps d’écrire en ce moment, d’autant plus que j’aime bien prendre le temps d’écrire des articles complet et travaillés, mais au vu de ce qui se passe actuellement de très inquiétant au niveau du réchauffement climatique et du peu de réactions et d’écho dans la presse, je ne peux m’empêcher d’écrire un petit mot sur l’état des banquises.

Je n’ai pas fait le tour de la question dans cet article, j’aurais encore beaucoup à en dire, mais j’espère que nous serons de plus en plus nombreux à en parler, à écrire là-dessus (tels que Jack du climatoblogue et Johan de globalclimat) et à nous mobiliser concrètement pour changer la situation…

Pendant ce temps, des catastrophes naturelles catastrophiques amplifiées par le réchauffement climatique continuent à frapper des populations démunies, à impacter encore plus la biodiversité et à menacer notre avenir commun sur cette planète… tels qu’au Pérou, au Chili, aux Etats-Unis, en Australie, en Inde et notamment en ce moment en Afrique de l’Est où la plus grave crise humanitaire depuis la seconde guerre mondiale est en cours (20 millions de personnes menacées de mourir de faim!) à cause d’une sécheresse historique aggravé par le réchauffement climatique…

Mais en même temps la croissance continue, donc tout va bien, n’est-ce pas?…

mardi 14 mars 2017

Pourquoi tant de variation dans les estimations de la hausse du niveau des océans? Qui croire?

J'essaie d'être une source d'information fiable mais je dois composer avec les informations et études scientifiques disponibles et courantes ; la science (la compréhension) évolue constamment... et très rapidement dans le domaine de la science climatique.
Pour comprendre pourquoi les estimations de la hausse du niveau des océans varient tellement, il faut savoir qu'il y a différentes méthodes pour en faire l'évaluation. À chaque année quand ce n'est pas aux six mois, on apprend que la fonte s'accélère ; que le niveau des océans va grimper plus haut et plus tôt que prévu...

     Commençons par le GIEC puisque c'est l'estimation la plus citée

Ce qu'il faut savoir c'est qu'à cause du lent processus de rédaction et de révisions, les rapports du GIEC, lorsqu'ils paraissent, sont appuyés sur des études scientifiques (révisées et approuvées par des pairs) vieilles d'au moins deux ans. Le processus de révision d'une étude scientifique peut à lui seul prendre 2 ans, parfois plus. Donc, entre une découverte ou une série d'observations faites scientifiquement, deux ans de délai avant  que nous en soyons informés et encore 2 ans avant que le GIEC n'en tienne compte.. À cause de l’engouement du public pour l'astronomie et du caractère différent de cette science, les  découvertes astronomiques nous parviennent beaucoup plus rapidement

Dans leur 5e rapport (AR5) paru en 2013, le GIEC prévoyait une hausse du niveau des océans d'un mètre au maximum. Mais le GIEC n'a pas inclus la fonte des calottes et glaciers dans ses prévisions ; ils ne savaient pas comment modéliser la fonte car c'est un processus très complexe et en science, on ne parle que de ce qu'on sait calculer, de ce qui est établi et vérifiable. Donc, la hausse prévue du niveau des océans dans le 5e rapport du GIEC est très principalement attribuée à la dilatation de l'eau sous l'effet de la chaleur qui a l'époque, était la cause principale de la hausse du niveau des océans.

Le prochain rapport du GIEC devrait paraître en 2018, sa rédaction est déjà entamée.

     Les estimations de fonte selon les modèles



La taille des carrés est ce qu'on
appelle la résolution du modèle.
Pour faire un modèle, ils découpent un territoire en grille. Selon leur position respective dans la réalité, on attribue un taux de fonte à chaque carré déduit selon la température moyenne connue et d'autres facteurs ayant un impact sur la fonte.

Vu que la réalité contient des variables qu'on a aussi programmé dans le modèle, on fait tourner la simulation plusieurs fois ce qui donne une "fourchette de prévisions" exemple, 10 à 20 cm de hausse du niveau des océans pour cette portion. Mais ces simulations numériques sont généralistes ; chaque carré de la grille comporte, dans la réalité, des complexités dont les modèles ne tiennent pas encore compte et qui sont par surcroît, très difficiles à prendre en compte.

La majorité des modèles de fonte sont basés uniquement sur la température atmosphérique, ils passent donc à coté de beaucoup de facteurs, comme l'écoulement de l'eau sur, dans et sous la glace et ne tiennent pas compte non plus des irrégularités et anomalies de la surface comme l'assombrissement de la neige, voyons tout ça de plus près.


     Ce dont les modèles de fonte des calottes et glaciers ne tiennent pas compte

La glace des calottes n'est pas, n'est plus en fait, lisse et blanche. La fonte, la pollution, les cendres, etc. changent l'aspect de tout ; comme ces crevasses quasi impossibles à modéliser ; du sombre, du blanc, du sale, de l'eau ; comment tenir compte de tous les différents taux de fonte d'un paysage comme celui-ci?
Des crevasses à l'origine surprenante. Quand les glaciers s'écoulent vers la mer, ils ont tendance à s'étirer, c'est cet étirement de la glace qui cause les crevasses de ce genre qu'on voit sur l'image ci-dessous. Cet étirement augmente la surface de fonte et la glace doit aussi avoir perdu en densité. Encore un phénomène complexe trop difficile à résumer en formules mathématiques (pour le moment) servant à programmer les modèles de fonte.

"Si en politique on nous dit de suivre la trace de l'argent, au Groenland, il faut suivre la trace de l'eau."

Des lacs de fonte comme on voit ici se forment et disparaissent parfois subitement . Lorsque ces lacs sont à la surface, ils augmentent le taux de fonte car leur teinte foncée absorbe beaucoup plus de chaleur venant du soleil alors que la glace blanche réfléchit ce rayonnement vers l'espace ; un autre facteur de fonte important dont les modèles ne peuvent encore tenir compte faute de formulations mathématiques.
L'eau plus chaude de ces lacs de fonte s'enfonce via des trous qu'on nomme "moulins" dans les couches sous-jacentes qui ramollissent ce qui créé parfois l'équivalent de nappes phréatiques faisant aussi fondre le Groenland de l'intérieur.
Des gens explorent un "moulin". L'intérieur du Groenland se transforme en fromage suisse. Source
Aussi, l'eau coule souvent jusqu'au fond rocheux et va lubrifier les glaciers par le dessous ce qui augmente la vitesse à laquelle ils glissent vers l'océan, et ce n'est évidemment pas pris en compte dans les modèles.

Même où la neige paraît blanche, du moins à vue d'oeil, les instruments nous révèlent qu'elle s'est assombrie ; un autre facteur qui pris à grande échelle accroît irrémédiablement le taux de fonte. Ce qui complique aussi les choses, c'est que le climat en Arctique se dérègle ; il y a de nos jours des périodes atteignant parfois deux mois sans aucune précipitation sur certains secteurs du Groenland et quand la neige fond, les saletés restent en surface ; la teinte prend alors l'apparence d'un stationnement et accroît de beaucoup le taux de fonte.
Oui oui, c'est bien une partie de la surface du Groenland ; la glace est sous la crasse.
Station d'instruments de mesure climatiques sur la calotte. Les conditions de travail sont de plus en plus dangereuses, voyez ces fissures récentes.
De très près, voici à quoi ressemblent d'autres sections qui paraissent orangées, même vu depuis l'espace. Ce sont des micro-algues qui s'installent avec la chaleur accrue et l'ensoleillement. Ça fait à peine quelques années qu'on a remarqué ce phénomène qui, évidemment, prend de l'ampleur à mesure que le climat se réchauffe et n'est pas pris en compte dans les modèles de fonte...
Ça aussi n'est pas pris en compte dans les modèles de fonte.

Cette section a été extraite de la conférence du glaciologue Jason Box ci-dessous. Pour consulter ses travaux : http://jasonbox.net/
Pour conclure la section modélisation, on pourrait dire que les modèles tentent de rattraper la réalité.
     La méthode comparative

On compare la période actuelle avec une période antérieure comme l'a fait James Hansen dans une étude qui a regroupé de 17 scientifiques et dont j'ai parlé dans cet article antérieur.

Des données datant de la précédente période interglaciaire, l'Eémien d'il y a de 131 000 à 114 000 ans (voir Wikipédia Fr) qui démontrent que, même si cette période était d'environ 1°C moins chaude (parce que l'axe de rotation était un peu moins incliné à l'époque à cause des cycles orbitaux de Milankovitch) qu'aujourd'hui (2015) que le niveau des océans était de 5 à 9 mètres plus élevé ; on doit donc s'attendre à cette hausse. Cependant l'étude de Hansen ne dit pas en combien de temps le niveau des océans va monter, il mentionne 50 ans, 100 ans et 200 ans.

C'est très peu probable que le niveau des océans monte progressivement. On doit s'attendre plus loin dans le temps à des hausses relativement rapides comme cela s'est produit dans le passé de la Terre. L'impulsion de fonte 1A, [... avec des taux estimés de 27 mm/an à 65 mm/an.]


     Une méthode vraiment pas scientifique

Il y a une troisième méthode pour évaluer la hausse du niveau des océans, la méthode "ingénieur". Elle n'est absolument pas scientifique...

Comment un ingénieur aborde-t-il la situation? Crayon, papier et un calcul simple basé sur deux données facilement disponibles.
1- le taux de fonte annuel
2- la période à laquelle le taux de fonte double (ou triple).

Le taux de fonte moyen du Groenland  280 ± 58 Gt/an.
Lors de l'année 2012-2013, le Groenland a perdu 474 Km3 de glace.

Des résidence très vulnérables. Source Ben Strauss, bstrauss@climatecentral.org

Le taux de fonte de l'Antarctique est d'environ 118 Gt/an selon la NASA et triple aux 10 ans en plusieurs endroits de l'Ouest de l'Antarctique. Qu'on le double aux 6-7 ans ou qu'on le triple aux 10 ans, ça revient sensiblement au même.

Le fait que le taux de fonte du Groenland ait récemment doublé en 4 ans est-il une nouvelle tendance ou une exception? Depuis ce temps (2014), la température moyenne globale a grimpé de plus de 0,3°C et donc du double ou du triple dans l'Arctique (0,6°C à 0,9°C) de hausse de la température en 3 ans! La Terre n'a jamais rien connu de tel.

Vu que les modèles numériques (simulations) et que la méthode comparative ne permettent pas de faire des prévisions utilisables, reste la "méthode ingénieur" ; un calcul simple qu'on peut faire sur un bout de papier : nous connaissons le taux de fonte savons qu'il triple (environ) aux 10 ans. Ça semble être le moyen le plus "juste" de prévoir le taux de montée du niveau des océans, mais ce n'est pas scientifique.

Le graphique qui suit est basé uniquement sur la hausse du niveau des océans attribuable à la fonte du Groenland. Le taux de fonte initial (2017) est établi à 300 Gt/an.
NOTE 1 : Un Km cube de glace = 1 milliard (1 Gigatonne) de tonnes d'eau.
NOTE 2 : Cela prend 380 Km3 pour élever le niveau des océans de 1mm.
Le Groenland serait donc complètement fondu vers 2085 et à lui seul, aurait fait grimper de 7,2 mètres le niveau global moyen des océans du globe. Selon l'étude comparative de James Hansen, ça cadre parfaitement dans ses prévisions (5 à 9 mètres) si on utilise la valeur intermédiaire de 75 ans.
La fonte en Antarctique, selon la même méthode de calcul, ajouterait 3,9 mètres aux 7,2 mètres pour un total de 11,1 mètres de hausse atteint en 2085. En 2045, ça fait déjà 1,43 mètres de plus aux océans ; adieu beaucoup de grandes villes, le Bangladesh, une grande portion de la Floride, etc.

Je vous recommande quand même de vous éloigner des côtes pendant que votre résidence a une bonne valeur ; ce n'est pas les climato-négationnistes qui manquent pour vous la racheter. J'ai appris cette semaine qu'en Floride, les résidences près de la côte sont de plus en plus difficiles à vendre.

     Variation du niveau des océans au cours des âges

Rappelons que la civilisation humaine n'existe que depuis 10 000 ans : quand nous avons entrepris l'agriculture. Nous sommes dans la période géologique de l'Holocène. D'autres parlent d’Anthropocène (l'ère de l'Homme), puisque nous affectons toute la biosphère et le climat, surtout depuis les derniers 50 ans, mais des géologues disent que l’Anthropocène sera un sujet d'étude pour les géologues dans quelques dizaines de milliers d'années.

Ce sont les variations orbitales nommées paramètres de Milankovitch qui sont la cause de l’alternance des périodes glaciaires et interglaciaires, et ce sont ces périodes qui déterminent le niveau des océans ; dans un âge glaciaire le niveau des océans diminue car l'eau se transfère dans les calottes polaires ; et lors d'un âge interglaciaire, la glace fond et fait remonter le niveau des océans.
L'étendue de la glace lors du dernier âge glaciaire.
Les périodes chaudes sont les périodes dites interglaciaires ; c'est à cause de la reprise d'activité des végétaux et du dégel que le taux de CO2 augmente et le CO2 étant un gaz à effet de serre, il participe à aussi la hausse de la température.

Les derniers 500 000 ans en climat : quatre âges glaciaires, de mini-âges glaciaires et quatre périodes interglaciaires...
Adapté depuis le graphique d'une des études de James Hansen par l'océanographe John Englander
Dans les conditions actuelles, je ne sais pas qui vous recommander de croire, mais vous avez du choix...

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Si vous mettez un gros monticule de glace sur votre table, vous noterez que ça prend du temps avant que la glace commence à fondre, qu'elle fondra de plus en plus vite, et qu'elle prendra plus de temps à fondre s'il fait 2°C dans votre cuisine que s'il y fait 22°C ; il fait encore relativement frais dans l'Arctique, pourtant, le Groenland fond déjà rapidement. Nous n'en sommes qu'au début.

Il y a beaucoup d’inertie dans la fonte des calottes glaciaires ; ça pourrait prendre 200 ans de fonte (ou plus) avant que le niveau des océans n'atteigne l'équilibre avec la température actuelle... car le niveau des océans est directement dépendant de la température moyenne globale. Mais la température va apparemment continuer de grimper jusqu'à au moins 4°C de réchauffement global moyen (mesure qui ne tient pas compte de la hausse importante de la température des océans).

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Je me répète : bien que la hausse du niveau des océans paraisse catastrophique, elle demeure un inconvénient mineur comparé à la hausse de la température ou l'acidification des océans.

samedi 4 février 2017

Points de Basculement Atteints en Antarctique = Une Élévation de Plusieurs Mètres du Niveau des Océans est Inéluctable

Article original par David Spratt de Code Red paru sous le titre Antarctic tipping points for a multi-metre sea level rise,


     APERÇU

  • La calotte glaciaire de l'Antarctique Ouest dans le secteur de la mer d'Amundsen semble être irrémédiablement déstabilisée et la retraite des glaces est imparable dans les conditions actuelles.
  • Aucune autre accélération du changement climatique n'est nécessaire pour déclencher l'effondrement du reste de la calotte glaciaire en Antarctique Ouest sur une échelle de temps décennale.
  • L'Antarctique a le potentiel de contribuer à plus d'un mètre d'élévation du niveau de la mer d'ici 2100 (pensez à ajouter le Groenland).
  • Une grande partie de la glace du bassin de l'Antarctique Ouest pourrait être disparue dans deux siècles, provoquant une élévation du niveau de la mer de 3 à 5 mètres.
  • Des mécanismes semblables à ceux causant la déglaciation dans l'Antarctique Ouest se retrouvent maintenant aussi dans l'Antarctique Est.
  • La déglaciation partielle de la calotte glaciaire de l'Antarctique Est est probable avec le niveau actuel de dioxyde de carbone atmosphérique, contribuant à 10 mètres de plus d'élévation du niveau de la mer à plus long terme, et 5 mètres dans les 200 premiers ans.

      INTRODUCTION

La calotte glaciaire de l'Antarctique Ouest (WAIS, West Antarctic Ice Sheet), qui comprend plus de deux millions de kilomètres cubes de glace, est sous la pression du réchauffement climatique, les scientifiques disent que son effondrement - et une éventuelle élévation du niveau mondial de la mer de 3 à 5 mètres - n'est pas une question de savoir si, mais de savoir quand.

La péninsule de l'Antarctique Ouest est maintenant la région avec le plus fort réchauffement de la planète, et les glaciers débouchant sur la WAIS se déchargent de la glace à un rythme accéléré (Rignot, Velicogna al (2011) "Accélération de la contribution des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique à l'élévation du niveau de la mer (en Anglais)", GRL 38: L05503-7; Mouginot, Rignot et Scheuchl (2014) "Augmentation soutenue de la décharge de glace dans la Baie d'Amundsen, Antarctique Ouest (en Anglais), de 1973 à 2013", GRL 41: 1576-1584).

Des études récentes, examinées dans le présent rapport, suggèrent que la WAIS a dépassé le point de basculement (point de non-retour) d'une déglaciation à grande échelle il y a des décennies.

Cela ne devrait pas être surprenant, car un tel événement était prévu il y a presque 50 ans. En 1968, le chercheur pionnier des glaciers John Mercer a prédit que l'effondrement des plateaux de glace le long de la péninsule antarctique pourrait être annonciateur de la perte de la calotte glaciaire. Dix ans plus tard, Mercer a soutenu que « une catastrophe majeure - une déglaciation rapide de l'Antarctique Ouest - pourrait être en cours... en l'espace de 50 ans environ » («La calotte glaciaire de l'Antarctique Ouest et l'effet de serre du CO2: une menace de catastrophe (en Anglais)», Nature 271: 321-325).

Il a dit que le réchauffement "au-dessus d'un niveau critique ferait disparaître toutes les plates-formes de glace, et par conséquent toute la glace située au-dessous du niveau de la mer, aboutissant à la déglaciation de la plus grande partie de l'Antarctique Ouest". Une telle désintégration, une fois en cours, «serait probablement rapide, peut-être catastrophique», avec la majeure partie de la calotte glaciaire perdue en un siècle. Crédité d'avoir inventé l'expression "l'effet de serre" au début des années 1960, le pronostic sur l'Antarctique de Mercer a été largement ignoré et dénigré à l'époque. Maintenant, cela semble être d'une troublante prescience.

Fred Pearce, auteur sur le climat (dans son livre "Avec rapidité et violence(en Anglais)", 2007) cite le célèbre scientifique de la cryosphère Richard Alley, qui a déclaré il y a une dizaine d'années qu'il y avait "une possibilité que la calotte glaciaire de l'Antarctique Ouest puisse s'effondrer et élever le niveau de la mer de 5,5 mètres pendant ce siècle". Pearce a également interviewé le glaciologue de la NASA Eric Rignot qui a étudié le glacier Pine Island dans l'Antarctique Ouest depuis des décennies, et a conclu que « le glacier est destiné à une destruction foudroyante ».
NOTE : les plates-formes de glace sont aussi nommées "barrière de glace en Français.


Image ci-dessous : l'Ouest se l'Antarctique se trouve sur la moitié gauche de cette carte. Les zones rouges montrent une progression de 3 592 mètre par année du flux de glace vers la mer en 2011.

Source : Rignot et al. (2011)
Bien que la calotte glaciaire de l'Antarctique Est (EAIS, East Antarctic Ice Sheet), beaucoup plus importante - avec un potentiel de 50 mètres d'élévation du niveau de la mer si toutes les glaces étaient parties - a généralement été considérée comme plus stable que la WAIS, des preuves récentes suggèrent que certaines embouchures de glaciers présentent une dynamique similaire à celles de l'Antarctique Ouest.

      GÉOGRAPHIE

Une plate-forme (barrière) de glace est souvent immense et est largement submergée, parfois jusqu'à deux kilomètres de profondeur. Elle fait face à un glacier terrestre et s'étend dans l'océan. La «ligne d'attache à la terre» marque la frontière entre la glace sur terre (glacier) et la plate-forme de glace flottante. Généralement, une plate-forme de glace perdra du volume par vêlage d'icebergs sur le bord orienté vers la mer, mais elle peut également être soumise à des événements de désintégration rapide, dans lesquels le l'ouverture de fissures peut déloger de très grandes sections de glace. La formation d'une énorme fissure (en Anglais) - 100 km de long, un demi kilomètre de large et cent mètres de profondeur - dans la plate-forme de glace Larsen C est un exemple récent.


 Les eaux qui se réchauffent aussi dans l'Antarctique sont en train de faire fondre et d'amincir le dessous des plates-formes de glace, les rendant ainsi plus fragiles et sujets à la désintégration. 
Les plates-formes de glace agissent comme un «bouchon» qui soutient et ralentit la vitesse à laquelle les glaciers se jettent dans l'océan, de sorte que la perte ou la diminution de la plate-forme de glace accélérera le rythme du mouvement des glaciers et donc le taux de perte de masse de glace.
Parce que la majeure partie de la partie Ouest de l'Antarctique repose sur un socle rocheux situé sous le niveau de la mer (soutenu des deux côtés par les montagnes, et maintenu en place sur les deux autres côtés par les plates-formes de glace de Ronne et de Ross), la fonte de la plate-forme de glace immergée permet aux eaux océaniques chaudes de s'introduire à terre sous la plate-forme de glace. Cela crée des vallées cachées (sous la mer) de glace fondante, exerce une pression sur la surface au-dessus, et contribue à l'apparition de fissures à grande échelle (craquage). Ce processus a également pour conséquence que la ligne d'attache à la terre est repoussée plus à l'intérieur des terres, avec pour effet de transformer la partie inférieure du glacier en une plate-forme de glace.
Au cours des 40 dernières années, les glaciers qui s'épanchent dans le secteur de la mer d'Amundsen de l'Ouest de l'Antarctique (y compris les glaciers Pine Island, Thwaites, Smith et Kohler) se sont amincis à un rythme accéléré et des observations jointes à plusieurs modèles numériques suggèrent que le retrait instable et irréversible de la ligne d'attache à la terre est en cours.

Bien qu'il soit traditionnellement considéré que la déglaciation de l
'Ouest de l'Antarctique prendrait mille ans ou plus, certains experts ont suggéré cela pourrait se produire dans une durée aussi courte que deux siècles parce que le rythme d'augmentation des gaz à effet de serre et de la température mondiale sont sans précédent.

     ÉTUDES RÉCENTES SUR L'OUEST DE L'
ANTARCTIQUE
Les chercheurs ont constaté que le «point de basculement» a déjà été dépassé pour un de ces événements «à long terme». Dans le «Guardian» du 18 mai 2014, le chercheur principal, Dr Eric Rignot (en Anglais), a expliqué: «Nous avons annoncé que nous avions recueilli suffisamment d'observations pour conclure que le retrait de la glace dans le secteur maritime Amundsen de l'Antarctique Ouest est devenu inéluctable, et que cela aura des conséquences majeures - ceci signifie que le niveau de la mer augmentera d'un mètre supplémentaire dans le monde entier. De plus, sa disparition déclenchera vraisemblablement l'effondrement du reste de la calotte glaciaire de l'Antarctique Ouest, avec une élévation du niveau de la mer comprise entre trois et cinq mètres. Un tel événement déplacera des millions de personnes dans le monde entier » (termine- -il avec emphase).

Cette étude, rédigée par certains des meilleurs glaciologues au monde a étonné la communauté des chercheurs. Malte Meinshausen, auteur principal du GIEC, qui a également développé les scénarios RCP, a déclaré que cette recherche est "une remise en question majeure, c'est une invraisemblable surprise avec un réchauffement global moyen de seulement 0,8 degrés (nous sommes à 1,21°C en 2017) ", et un "point de basculement qu'aucun d'entre nous ne pensait voir dépassé si tôt", ce qui montre que nous sommes "déjà engagés vers un réorganisation complète des lignes côtières sans aucun précédent pour l’humanité". 

Vidéo : Le professeur Malte Meinshausen (en Anglais).

L'un des auteurs de ce document a été interrogé sur les conditions qui seraient nécessaires pour mettre un terme à la perte de la majeure partie de
l'Ouest de l'Antarctique. La réponse était que la restauration de la température des années 1970 pourrait possiblement y mettre un terme...
Sur le sort de l'Antarctique Ouest, Rignot dit: «au rythme actuel, une grande fraction du bassin de l'Ouest de l'Antarctique disparaîtra dans 200 ans, mais des études de modélisation récentes indiquent que le rythme de retrait augmentera à l'avenir... mais cela pourrait se produire en moins d'une paire de siècles" (ajouté avec emphase).

Un autre article (Joughin, Smith et Medley (2014), «Effondrement des plates-formes de glace marines potentiellement en train de se faire pour le bassin du glacier Thwaites dans l'Antarctique Ouest (en Anglais)», Science, 344:735-738)
utilise des modèles qui «indiquent que les premières étapes d'un effondrement sont enclenchés» pour le glacier Thwaites, et qu'aucune accélération supplémentaire du réchauffement climatique n'est nécessaire pour que le système finisse par s'effondrer, à l'exception d'extrapolations modestes du taux actuel de perte de masse qui augmente. «Le prochain état stable de la calotte glaciaire de l'Antarctique Ouest pourrait être pas de calotte glaciaire du tout», explique l'auteur principal du journal, le glaciologue Ian Joughin.

Ted Scambos du National Snow and Ice Data Center et John Abraham de l'Université de St Paul expliquent: «Depuis des décennies, on soupçonne que cette région est particulièrement vulnérable à la perte rapide de glace ; une "retraite foudroyante". On sait que la cause de la retraite est une augmentation de la fréquence des intrusions d'eaux chaudes océaniques sous la calotte continentale, ce qui semble être une conséquence de l'augmentation des vents d'Ouest circumpolaires au-dessus de l'océan Austral. Les modèles suggèrent que les vents accrus sont le résultat de l'augmentation du forçage des gaz à effet de serre dans le système de la Terre, et des effets de la perte d'ozone sur la circulation stratosphérique / troposphérique. »
Cette étude de modélisation du bassin Amundsen révèle que «une déstabilisation locale entraîne une désintégration complète de la glace de mer dans l'Antarctique Ouest... la région se déséquilibre après 60 ans de taux de fonte observés». (Dit avec emphase). [ Les taux de fonte observés continuent de s'accélérer, de sorte que la durée réelle sera beaucoup plus courte.] L'importance de l'étude se résume comme suit: "La banquise de l'Antarctique perd de sa masse à un rythme accéléré et joue un rôle de plus en plus important en ce qui concerne l'élévation du niveau des océans. Le secteur de la mer d'Amundsen dans l'Antarctique Ouest est plus que probablement déstabilisé. Bien que des études de modélisation numérique antérieures aient examiné l'évolution future à court terme de cette région, nous allons maintenant passer à l'étape suivante et simuler l'évolution à long terme de l'ensemble de la calotte de glace de l'Antarctique Ouest. Nos résultats montrent que si le secteur de la mer d'Amundsen est déstabilisé, l'ensemble de la calotte glaciaire marine se déversera dans l'océan, provoquant une élévation du niveau de la mer d'environ 3 mètres. Nous assistons ainsi au début d'une période de déversement auto-entretenu de glace de l'Antarctique Ouest qui nécessite une adaptation à long terme de la protection côtière à l'échelle mondiale » (ajouté avec emphase).
Cette étude fait ressortir les preuves d'un réchauffement précédent lors de la période interglaciaire Eemienne, il y a environ 120 000 ans. À cette époque, il y avait des fluctuations rapides du niveau des océans, et l'étude identifie un mécanisme précédemment incompris dans le système climatique de la Terre qui indique une élévation beaucoup plus rapide du niveau des océans que prévu jusque là. L'augmentation de la stratification océanique se produit lorsque les couches de surface plus froides résultant de la fonte de la calotte glaciaire emprisonnent les eaux chaudes en-dessous, accélérant leur impact sur la fonte des plates-formes de glace et sur l'embouchure des glaciers. Ceci augmente à son tour la perte de masse de la calotte glaciaire et génère de l'eau de fonte de surface plus fraîche dans une boucle de rétroaction positive (positive feedback loop).

Les conséquences incluent le ralentissement ou l'arrêt des principaux courants océaniques, y compris la Circulation Thermohaline,

Circulation Thermohaline
qui, selon Hansen, devrait augmenter les différentiels de température entre les eaux tropicales et subpolaires et entraîner ainsi des "super tempêtes" telles que l'Humanité n'en n'a jamais connu dans l'Atlantique Nord et les terres avoisinantes. Le schéma de refroidissement projeté des eaux autour de l'Antarctique et des eaux de l'Atlantique nord provenant de l'injection d'eau douce de fonte glacée est déjà visible dans les données observées (voir schéma ci-dessous) et contribue déjà à un déclin de la circulation de l'AMOC.
Le diagramme montre: (à gauche) la projection de Hansen et al. pour 2065 de la température avec la fonte de glace accélérée dans les deux hémisphères; et (à droite) les conditions réelles en Février 2016 à la hauteur de El Niño 2015-2016.
L'actuel amincissement et recul du glacier Pine Island dans l'Antarctique Ouest fait partie d'une conséquence du réchauffement déclenchée dans les années 1940, quand une cavité océanique s'est formée sous la plate-forme de glace et qu'il s'en est suivi une période de fort réchauffement de l'Antarctique Ouest aussi associée à l'activité d'El Niño. Le décrochage final de la plate-forme de glace du fond rocheux s'est produit en 1970 (voir diagramme ci-dessous).
Il est intéressant de comparer ce résultat avec le point de vue des chercheurs dans le document cité plus haut de Rignot, Mouginot et al 2014 et disant que la restauration des conditions climatiques des années 70 serait nécessaire pour empêcher la perte de masse de glace étendue de l'Ouest de l'Antarctique. (En fait, c'est de revenir aux température d'avant 1940 qui stabiliserait Ouest de l'Antarctique.)

     ÉTUDES RÉCENTES SUR L'EST DE L'ANTARCTIQUE

Dans cette étude, on utilise des modèles climatiques qui relient mieux le réchauffement atmosphérique à la fracturation des plates-formes de glace en épaulement et à l'effondrement structurel de leurs falaises de glace, étalonnés par rapport aux événements climatiques de périodes chaudes passées et aux estimations du niveau de la mer, puis appliqués aux scénarios des émissions de gaz à effet de serre prévus.

Au cours de la dernière période interglaciaire (chaude) il y a 130 000 à 115 000 ans, le niveau moyen de la mer était de 6 à 9,3 mètres plus élevé qu'aujourd'hui, alors que les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone étaient inférieures à 280 parties par million (niveau préindustriel et 30% de moins qu'aujourd'hui), et les températures moyennes mondiales n'étaient que d'environ 0-2°C plus chaudes.
NOTE : il n'y a que deux types de période climatique : glaciaire ou interglaciaire.

Dans le cadre d'un scénario à fortes émissions de GES (autrement dit, le taux actuel d'émissions de gaz à effet de serre, RCP8,5), leur modèle montre que les températures qui se réchauffent rapidement en été déclencheront une production massive d'eau de fonte et une hydrofracturation des plates-formes de glace d'ici le milieu du siècle. Larcen C est la première plate-forme de glace qui sera perdue, avec en même temps l'amincissement majeur et la retraite de l'embouchure des glaciers de la mer d'Amundsen. (La fracturation de la plate-forme de glace Larsen C est déjà en cours !)

Ils concluent que: «L'Antarctique a le potentiel de contribuer d'au moins un mètre supplémentaire d'élévation du niveau de la mer d'ici 2100 et de plus de 15 mètres d'ici 2500», doublant les prévisions antérieures pour l'élévation totale du niveau de la mer ce siècle à deux mètres ou plus.

Cette estimation de l'Antarctique contribuant à «plus d'un mètre d'élévation du niveau de la mer d'ici 2100» est conforme aux travaux de Hansen, Sato et al. (ci-dessus)
Au cours de la partie la plus chaude du Pliocène (il y a de 5,3 à 2,6 millions d'années), les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone étaient comparables à celles d'aujourd'hui (~ 400 parties par million), les températures étaient de 1 à 2°C plus élevées qu'aujourd'hui et certaines reconstitutions du niveau de la mer nous montrent que le niveau des océans était de 10 à 30 mètres plus élevé. Parce que la calotte de l'Ouest de l’Antarctique et le Groenland peuvent fournir moins de 10 mètres d'élévation du niveau de la mer à eux deux, cela signifie qu'il y avait une perte de masse de glace importante dans l'Est de l'Antarctique. Dans cette étude, les auteurs modélisent les conditions du Pliocène dans l'Antarctique en prenant le niveau actuel (et du Pliocène) de 400 parties par million de dioxyde de carbone et imposent un réchauffement de l'océan de 2°C pour représenter la chaleur maximale au milieu du Pliocène. Leur modèle intègre également des mécanismes basés sur des observations et analyses récentes: "les plates-formes de glace flottantes peuvent être considérablement réduites ou éliminées complètement par l'augmentation du taux de fonte océanique, et par l'hydrofracturation due à l'écoulement de la fonte en surface dans les crevasses.

Lorsqu'une plate forme de glace est accrochée en profondeur au socle rocheux, elle peut peut être affaiblie par l'hydrofracturation et ses contreforts réduits ; la structure de la plate-forme peut alors s'écrouler si les contraintes excèdent la limite de résistance de la glace produisant ainsi une retraite accélérée. Le modèle mis à jour "prévoit que l'effondrement prévu de la calotte de glace de l'Antarctique Ouest se produira en des décennies (et non pas sur des échelles de temps centenaire ou millénaire) et provoquera également une retraite jusque dans les principaux bassins (lacs) sous-glaciaires de l'Antarctique Est, produisant ~ 17 mètres d'élévation du niveau de la mer mondial en quelques milliers d'années" et cinq mètres au cours des 200 premières années (ajouté avec emphase).

[Dans le document de suivi 2016 cité ci-dessus, un modèle mis à jour produit une contribution de 11,3 mètres à l'élévation moyenne du niveau de la mer, reflétant une réduction de sa sensibilité d'environ 6 mètres par rapport à la formulation dans ce papier de ~ 17 mètres, mais à l'intérieur du champ des estimations plausibles du niveau de la mer.]

Cette étude conclut que la fonte locale du bassin de Wilkes dans l'Antarctique Est "pourrait potentiellement déstabiliser une partie plus étendue de la calotte de glace Antarctique" car l'eau de fonte stratifie rapidement les eaux de surface. Tandis que la surface de l'océan se refroidit, l’océan Austral se réchauffe de plus de 1°C en profondeur. "Les changements de température se propagent vers l'ouest autour de la côte du continent Antarctique à une profondeur croissante, ce qui représente un mécanisme de rétroaction positif qui a le potentiel d'amplifier la fonte autour du continent... Aussi, la déstabilisation de grands secteurs de l'Est de l'Antarctique pourrait provenir du réchauffement et de la fonte dans une seule zone." Aussi bien «Nos résultats suggèrent que la fonte d'un secteur de la calotte de l'Est de l'Antarctique pourrait entraîner un réchauffement accéléré dans d'autres secteurs, y compris le secteur de la mer de Weddell de la calotte glaciaire de l'Antarctique Ouest» (ajouté avec emphase).

Cette étude est également en accord avec celle Hansen, Sato et al. pour trouver un processus de stratification de la colonne d'eau et des eaux plus chaudes sous la surface comme un mécanisme de rétroaction positive qui a le potentiel d'accroître le taux de fonte.

Des secteurs importants de l'Est de l'Antarctique, dont le bassin de Wilkes, sont à la base de vastes bassins sous-glaciaires basés en mer. Cette étude montre que la disparition d'un bouchon de glace (plate-forme ou barrière) à la marge du bassin de Wilkes, entraînerait une élévation du niveau de la mer de moins de 80 mm, déstabiliserait le flux régional de glace et conduirait à une décharge auto-entretenue de tout le bassin et à une élévation du niveau de la mer de 3-4 mètres. Comme dans le cas des travaux de DeConto et Pollard ci-dessus, cette étude aborde également une situation analogue à celle allant du milieu à la fin du Pliocène lorsque «des décharges massives de glace se sont produits dans les marges instables des Terres Adélie et de Wilkes, en raison de la montée en flèche du flux de glaces qui ont été liés au retrait rapide de la ligne d'attache à la terre pendant un climat en réchauffement ».
Cette étude identifie un mécanisme qui déclenche la fonte profondément dans la plate-forme de glace du Roi Baudouin en Antarctique Est. Des vents forts ont contribué à réchauffer l'air et à faire fondre de la glace blanche, exposant une couche de glace foncée au-dessous, qui à son tour absorbe plus de lumière du soleil, accélérant encore la fonte. Dans ces "points chauds", les lacs glaciaires de surface se forment et l'eau de fonte se mélange dans des moulins qui sont des crevasses profondes dans lesquelles l'eau de fonte coule à grand débit, parfois jusqu'à la terre ferme, accélérant la fonte et/ou la vitesse de l'écoulement des glaciers vers la mer. De plus, des chercheurs ont trouvé des lacs souterrains "sous glaciaires" dans la calotte de glace. Au total, 55 lacs situés sur ou dans la plate-forme de glace ont été identifiés. Cela signifie que la plate-forme de glace présente de nombreuses poches de faiblesse dans toute sa structure, ce qui suggère une plus grande vulnérabilité potentielle à s'effondrer par hydrofracturation, surtout si la formation de lacs continue ou augmente.

La perte de masse glaciaire en Antarctique à la fin de la dernière période glaciaire, il y a 14 600 à 12 700 ans, a contribué à faire grimper de plusieurs mètres le niveau de la mer qui, selon diverses sources, a augmenté de dizaines de mètres. À cette époque, les changements dans la circulation atmosphérique-océanique ont mené à une stratification dans l'océan avec une couche froide à la surface et une couche chaude dessous. Dans ces conditions, la calotte de glace fond plus fortement que lorsque l'océan environnant est bien mélangé. C'est exactement ce qui se passe actuellement autour de l'Antarctique. Le membre de l'équipe de recherche Michael E. Weber dit: «Les changements qui se déroulent actuellement d'une manière inquiétante ressemblent à ceux d'il y a 14 700 ans.

UN CERTAIN NOMBRE d'études récentes ont porté sur le glacier Totten en Antarctique de l'Est. Plusieurs éléments de preuve suggèrent l'effondrement possible du glacier Totten dans les bassins intérieurs au cours des périodes chaudes passées, notamment l'époque Pliocène. Le glacier est de nouveau vulnérable: 


  • Le glacier Totten a le plus fort taux d'amincissement dans l'Antarctique Est, grâce à la fonte accélérée du fond de la plate-forme de glace, due à des processus océaniques. Une cavité de plate-forme de glace sous des profondeurs de 400 à 500 mètres pourrait permettre des intrusions de l'eau chaude et un trou intérieur relie la cavité principale de la plate-forme de glace à l'océan. Si les courants d'amincissement se poursuivent, un plus grand plan d'eau au-dessus du trou pourrait potentiellement permettre à plus d'eau chaude d'entrer dans la cavité, ce qui peut éventuellement conduire à la déstabilisation de la région située entre le glacier Totten et un glacier profond semblable coulant dans le Trou Reynolds [Greenbaum, Blankenship et al (2015) "Accès de l'océan à une cavité sous le glacier Totten en Antarctique Est (en Anglais)", Nature GeoScience].

     CONCLUSION 

Un rapport à glacé le sang ; à la fin de 2015, des scientifiques pour "l'Initiative Internationale sur le Climat de la Cryosphère" avertissaient, à propos des «Seuils et fermetures de fenêtres: risques de changements climatiques irréversibles de la cryosphère» (http://iccinet.org/thresholds) que les engagements de Paris n'empêcheront pas la Terre de «Traverser vers la zone des seuils irréversibles» dans des régions de glaciers polaires et de montagne, et que le franchissement de ces limites peut «déboucher sur des processus qui ne peuvent être stoppés à moins que les températures ne reviennent à des niveaux inférieurs aux préindustriels» (dit avec emphase). Le rapport dit qu'il n'est pas bien compris en dehors de la communauté scientifique, que la dynamique de la cryosphère est lente à se manifester, mais une fois déclenchée «cela force inévitablement le système climatique de la Terre dans un nouvel état, que la plupart des scientifiques croient qu'il n'existait plus depuis 35 à 50 millions d'années». (Emphase ajoutée).

Ian Howat, professeur agrégé des sciences de la terre à l'Ohio State University, a déclaré: "Il est généralement admis que ce n'est plus une question de savoir si la calotte de glace de l'Antarctique Ouest va fondre, c'est une question de savoir quand. Ce genre de comportement de fissuration (cracking) fournit un autre mécanisme pour la retraite rapide de ces glaciers, ce qui ajoute à la probabilité que nous puissions voir un effondrement significatif de l'Antarctique Ouest dans le courant de nos vies. "(Https://www.siliconrepublic.com/innovation/antarctic-ice-sheet-global-warming)

Les scientifiques avec lesquels j'ai communiqué estiment que Rignot, Mouginot et al. est un document crédible et, avec les preuves publiées depuis, il serait prudent d'admettre que la 
l'Ouest de l’Antarctique a très probablement dépassé son point de basculement pour une déglaciation massive avec des conséquences importantes pour l'élévation du niveau des océans. DeConto et Pollard projettent plus d'un mètre d'élévation du niveau des océans ajoutée par l'Antarctique pendant ce siècle. Cela correspond au scénario de Hanse, Sato et autres, ce qui est également conforme aux conclusions de Phipps, Fogwill et Turney.

La réalité d'une élévation de plusieurs mètres du niveau des océans n'est pas une question de "si", mais de "quand". "L'état naturel de la Terre avec les concentrations actuelles de CO2
est un niveau des océans d'environ 21 mètres plus élevé qu'aujourd'hui", explique le professeur Kenneth G. Miller (http://news.rutgers.edu/news-releases/2012/03/global-sea-level-lik-20120316). D'autres chercheurs s'accordent à penser qu'il sera probablement plus de 20 mètres à plus long terme (https://www.sciencedaily.com/releases/2009/06/090622103833.htm).


     Alors, de combien pourrait grimper le niveau des océans pendant ce siècle ?

  • «Les estimations actuelles d'élévation du niveau de la mer vont de 0,50 mètre à plus de 2 m en 2100», a rapporté le numéro de novembre 2009 de «Science Update 2009» publié par le CSIRO et le Bureau australien de météorologie.
  • ... "une élévation du niveau de la mer de 75 à 190 cm pour la période 1990-2100", a conclu Vermeer et Rahmstorf (2009), "Niveau mondial des océans lié à la température mondiale", PNAS 106: 21527-32

  • En 2012, la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis a déclaré: «Les scientifiques ont une confiance très élevée (plus de 90% de chances) que le niveau moyen ds océans va augmenter d'au moins 0,2 mètre et pas plus de 2 mètres d'ici à 2100." La NOAA prévoit quatre scénarios d'élévation du niveau de la mer pour 2100, dont le plus élevé avec 2 mètres pour 2100 "reflète le réchauffement de l'océan et la contribution plausible maximale de la perte de la calotte glaciaire et de fonte glaciaire. Ce scénario le plus élevé devrait être envisagé dans les situations où il y a peu de tolérance au risque" (Parris, Bromirski et al (2012) « Scénarios d'élévation du niveau mondial de la mer pour l'évaluation nationale du climat des États-Unis », NOAA Tech Memo OAR CPO-1, NOAA, Silver Spring, MD).
  • Nouvelle de dernière heure : un rapport actualisé de la NOAA (en Anglais)
    sur l'élévation du niveau de la mer vient d'être publié. Il recommande un scénario révisé à la hausse de la montée du niveau de la mer de 2,5 mètres pour 2100, 5,5 mètres pour 2150 et 9,7 mètres pour 2200. Il annonce que l'étude du niveau de la mer a "avancé significativement au cours des dernières années, en particulier (pour) les calottes glaciaires terrestres du Groenland et de l'Antarctique sous réchauffement climatique", et donc « la gamme correspondante d'élévation possible du niveau de la mer au 21e siècle est plus grande qu'on le pensait auparavant ». Il souligne que «les preuves grandissent continuellement sur le fait que l'Antarctique et le Groenland perdent de plus en plus de masse à un rythme accéléré», ce qui «renforce l'argument de la prise en compte des pires scénarios de gestion des risques côtiers».
Le point de vue général parmi les scientifiques avec qui j'ai communiqué est de s'attendre à une élévation du niveau de la mer d'au moins 1 mètre pendant ce siècle, et peut-être plus de 2 mètres à la lumière des travaux étudiés ci-dessus. Les scientifiques ont trouvé que de mettre une limite supérieure réelle sur la quantité de glace qui pourrait fondre - et à quelle vitesse - est une affaire difficile. 

Parmi une myriade d'impacts mondiaux dévastateurs, une élévation du niveau de la mer d'un mètre inonderait jusqu'à 20% de la superficie du Bangladesh et déplacerait 30 millions de personnes, éliminerait 40-50% du delta du Mékong, inonderait un quart du Delta du Nil, et de dépeuplerait certains petits états situés sur des atolls de corail. 

La seule conclusion pratique à tirer est que le réchauffement climatique est déjà rendu trop loin, et l'objectif doit être de parvenir à un niveau de gaz à effet de serre et une température mondiale bien en dessous de ce qui prévaut actuellement.